Le Quotidien du 30 novembre 2021 : Actualité judiciaire

[A la une] Affaire de la sextape : condamné, Karim Benzema fera appel

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par Vincent Vantighem

le 21 Décembre 2021

Les bras en l’air. Et le sourire jusqu’aux oreilles. Karim Benzema a passé une bonne soirée, mercredi 24 novembre, à Tiraspol (Moldavie) dans cette belle région de Transnistrie qui plonge vers la mer Noire. Non seulement, il a découvert le stade champêtre du club du Sheriff dont le logo n’est autre qu’une étoile dorée tout droit sortie d’un album de Lucky Luke. Mais en plus, il a apporté sa pierre à l’édifice victorieux de son club du Real Madrid (Espagne), en inscrivant le troisième et dernier but de ce match de Ligue des champions.

« Je l’ai trouvé calme et concentré sur son travail », a sobrement salué son entraîneur Carlo Ancelotti. Et pourtant, quelques heures plus tôt, à plus de 2 000 kilomètres de là, le footballeur a été condamné à un an de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende. Le tribunal judiciaire de Versailles (Yvelines) l’a, en effet, reconnu coupable de complicité de tentative de chantage sur son ancien coéquipier Mathieu Valbuena. Une peine au-delà des réquisitions du ministère public qui étaient de dix mois de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende.

L’épilogue de la fameuse affaire dite « de la sextape » qui perturbe autant qu’elle passionne les amoureux du ballon rond depuis six ans ? Pas vraiment… Sitôt la décision prononcée, Antoine Vey et Sylvain Cormier, les deux avocats de l’attaquant star de l’équipe de France de football, ont annoncé leur intention de faire appel de la décision. « Ma réaction est une réaction finalement de colère », a fustigé Sylvain Cormier, se disant « sidéré » par « une peine très sévère, injuste et sans preuve ».

Le tribunal dénonce « des subterfuges et des mensonges »

« Il y aura une procédure d’appel. Karim Benzema viendra s’expliquer et, à mon avis, à ce moment, la lumière des faits sera faite », a abondé, de son côté, Antoine Vey. L’attaquant, candidat au Ballon d’or, semble en effet avoir payé, dans ce dossier, son absence remarquée à l’audience. Les 20, 21 et 22 octobre, il ne s’était pas déplacé pour prendre part au procès, étant retenu, déjà à l’époque, par sa participation à un match en Ukraine, puis un second face à l’ennemi juré, le FC Barcelone.

Le président de la septième chambre du tribunal judiciaire et ses assesseurs ont donc dû se contenter de ses déclarations lors de la procédure pour se forger une opinion et décider de le condamner. Et à leurs yeux, Karim Benzema s’est « personnellement impliqué, au prix du subterfuge et de mensonges, pour convaincre son coéquipier [Mathieu Valbuena] de se soumettre au chantage ». Pis, selon le jugement, « il n’a fait preuve d’aucune bienveillance, bien au contraire » et a agi « avec une certaine excitation, voire une certaine jubilation ».

Pour penser cela, le tribunal s’est arrêté sur la fameuse soirée du 6 octobre 2015. Ce jour-là, lors d’un rassemblement des Bleus au centre d’entraînement de Clairefontaine (Yvelines), Karim Benzema était allé voir son coéquipier. Il lui avait alors indiqué pouvoir lui présenter quelqu’un « de confiance » pour l’aider « à gérer » la non-publication de la fameuse vidéo à caractère sexuel. « Attention Math, c’est des gros gros voyous », lui avait-il alors dit. Et pour cause, les personnes impliquées dans le fric-frac de la vidéo n’étaient autres que certaines de ses connaissances, voire des amis d’enfance.

Une écoute téléphonique au cœur des débats

Karim Benzema a toujours prétendu qu’il voulait « aider » son partenaire sur le terrain. Mais le tribunal en a jugé autrement, mettant notamment en avant l’interception d’une conversation téléphonique entre Benzema et un autre des prévenus. « Il ne nous prend pas au sérieux... », avait-il alors lâché. Un « nous » laissant entendre qu’il était donc clairement impliqué dans la manœuvre destinée à faire cracher Valbuena quelques dizaines de milliers d’euros…

« Il y a dans le jugement une dénaturation de certaines écoutes téléphoniques, a commenté Antoine Vey, après le jugement. Il n’a été retenu que des éléments négatifs alors que je rappelle qu’il y avait aussi des éléments positifs qui auraient, a minima, dû faire présider le doute. »

Pour Noël Le Graet, « il est sélectionnable »

Karim Benzema aurait sans nul doute voulu tourner cette page. Mais la lourdeur de la peine le contraint à poursuivre la procédure, afin d’espérer une autre lecture en appel et un jugement plus clément. La lourdeur de la peine et surtout sa situation actuelle. Éloigné d’une sélection en équipe de France pendant cinq ans en raison de cette affaire, l’attaquant a, depuis, retrouvé le maillot bleu avec lequel il semble marcher sur l’eau, empilant but après but à quelques mois de la Coupe du monde au Qatar.

C’est sans doute pour cette raison que Noël Le Graet, le président de la Fédération française de football, a levé toute ambiguïté dans les colonnes du journal L’Équipe peu après la sentence. « Cette condamnation ne change rien pour moi. Il est sélectionnable », a-t-il commenté. C’est pourtant lui qui avait décidé de sa suspension en décembre 2015… Parfois la logique sportive prévaut sur la vérité judiciaire...

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