Par deux décisions du 8 février 2007, le Conseil d'Etat tire d'importantes conséquences de l'intégration croissante entre l'ordre juridique interne et l'ordre juridique européen. Dans la première décision (n° 287110
N° Lexbase : A2029DUP), se posait la question de la conciliation entre suprématie de la Constitution, d'une part, et exigence de transposition des Directives, d'autre part, lorsque cette transposition conduit à l'adoption d'une mesure contraire à un principe de valeur constitutionnelle. En l'espèce, une société demandait l'annulation d'un décret qui transposait une Directive communautaire, en soutenant que ce décret méconnaissait différents principes à valeur constitutionnelle, notamment le principe d'égalité. Le Conseil d'Etat, estimant que ce principe trouvait un équivalent dans le droit communautaire, a, conformément à la méthodologie qu'il s'est lui-même précédemment fixée, décidé de renvoyer cette question à la Cour de justice des Communautés européennes, qui détient le monopole de l'appréciation de la validité du droit communautaire dérivé, à la décision de laquelle l'issue du litige est, donc, désormais suspendue. Dans la seconde affaire (n° 279522
N° Lexbase : A2006DUT), entrait en jeu la méconnaissance par l'Etat français de la CESDH. Une loi avait en effet validé les appels de cotisations sociales effectués en application d'un décret déclaré illégal par le Conseil d'Etat, ce qui avait conduit le requérant à soutenir que cette loi de validation était contraire à l'article 6 § 1 de la CESDH (
N° Lexbase : L7558AIR), qui protège le droit au procès équitable. A raison, selon la Haute juridiction administrative, qui, jugeant que cette loi ne reposait pas sur un impérieux motif d'intérêt général, était bien contraire à l'article 6 de la Convention. Cette décision contribue ainsi à renforcer l'obligation, pour l'ensemble des pouvoirs publics, de respecter les engagements internationaux de la France, notamment le droit européen des droits de l'Homme.
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