Le Quotidien du 17 juin 2025 : Actualité judiciaire

[A la une] Sept et neuf ans de prison prononcés contre deux adolescents de 13 ans qui avait violé une camarade en raison de sa confession juive

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par Axel Valard

le 16 Juin 2025

De la dignité. Et beaucoup de souffrance. De l’inquiétude aussi sur l’évolution de la société dans laquelle les jeunes évoluent aujourd’hui. Le tribunal pour enfants de Nanterre (Hauts-de-Seine) a condamné, vendredi 13 juin, deux mineurs à des peines de neuf et sept ans de prison ferme pour le viol à caractère antisémite d’une jeune fille de 12 ans, commis à Courbevoie, en 2024. À l’énoncé de la décision, la jeune fille a fondu en larmes.

Entourée par ses parents et sa psychologue, la fillette dont le sort avait bouleversé la France, il y a un an, a traversé les trois jours d’audience avec énormément de courage et de dignité. « Elle était venue chercher des réponses à ce qu’il s’est passé. Pourquoi y a-t-il eu ce décharnement de violences », a sobrement commenté Muriel Ouaknine-Melki, une de ses deux avocats. Car « il y a en France, comme tout le monde le sait, une explosion des actes antisémites », a ajouté Oudy Bloch, son confrère. Et l’acte dont elle a été victime en est un.

Le 15 juin 2024, elle rentrait chez elle après avoir passé un peu de temps avec son petit-ami, lorsqu’elle est tombée dans un guet-apens. Emmenée dans le local d’une crèche désaffectée de Courbevoie, à deux pas des tours de la Défense, la jeune fille avait été violée à plusieurs reprises par deux adolescents de 13 ans, au motif qu’elle était juive. Ils l’avaient menacé de mort, notamment à l’aide d’un briquet, en lui posant des questions sur Israël et en la filmant. Son calvaire avait duré une heure avant qu’elle ne rentre chez elle et ne raconte tout à ses parents.

« Un trouble social immense ».

À l’énoncé de la décision, le président du tribunal pour enfants a tenu à expliquer la lourdeur de la sanction prononcée à l’encontre de ces deux jeunes, à peine âgés de 13 ans au moment des faits. Cette décision a été prise « au regard de leur personnalité toujours inquiétante et du trouble social immense à la société et [à la victime] en raison de ce qu’elle était : une jeune fille de confession juive », a-t-il déclaré.

Pour « complicité », les magistrats ont également prononcé une mesure éducative de cinq ans avec obligation de soins et un placement en foyer à l’encontre d’un troisième jeune homme. Âgé, lui, de 12 ans et 10 mois au moment des faits, il ne pouvait pas être condamné à une peine d’emprisonnement en raison de son âge.

« Ses consignes et sa simple présence ont aidé à la commission de ces viols », a estimé le tribunal qui a évoqué « le dessein vengeur » de celui qui n’aurait pas supporté que la victime mente sur sa religion. L’enquête a permis d’établir que la jeune fille avait subi un harcèlement, en raison de sa confession, pendant près d’un an précédant les faits. Elle avait fini par mentir, indiquant être musulmane pour qu’on la laisse tranquille.

« Notre toute jeune cliente a subi ce harcèlement pendant un an et elle souhaitait que soit prise en compte cette montée de l’antisémitisme et que le gouvernement agisse », a encore indiqué Oudy Bloch. En 2024, notamment après l’attaque du 7 octobre du Hamas sur Israël, un total de 1 570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l’Intérieur.

L’avocate d’un des jeunes condamnés envisage « très sérieusement » de faire appel.

Du côté des prévenus, ces trois jours d’audience à huis clos laissent un goût amer. « Il a fallu coûte que coûte retenir la circonstance aggravante relative à la religion de la victime, a ainsi regretté Melody Blanc, avocate de l’accusé puni d’une peine de neuf ans de prison. On n’a tenu compte d’aucun élément qui permettait d'expliquer ce passage à l’acte. » Raison pour laquelle elle dit envisager « très sérieusement » de faire appel de la décision.

« Mon client, lui, avait reconnu la quasi-intégralité des infractions, a réagi Blandine Weck de Terris qui défendait, elle, le mineur condamné à sept ans de prison. Il était dans une démarche de participation à l’enquête, de reconnaissance, de remise en question, d’humilité et de demande de pardon » en dépit du fait qu’il a toujours contesté le caractère antisémite de l’agression pour laquelle il a été condamné.

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