Le Quotidien du 27 septembre 2023 : Actualité judiciaire

[A la une] Martine Aubry visée par une enquête pour « corruption » lors des dernières municipales

Lecture: 4 min

N6883BZX

Citer l'article

Créer un lien vers ce contenu

[A la une] Martine Aubry visée par une enquête pour « corruption » lors des dernières municipales. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/article-juridique/100018487-a-la-une-martine-aubry-visee-par-une-enquete-pour-corruption-lors-des-dernieres-municipales
Copier

par Vincent Vantighem

le 26 Septembre 2023

Elle avait d’abord déclaré qu’elle ne briguerait pas de quatrième mandat. Avant de changer d’avis finalement. Candidate à sa propre succession à la mairie de Lille, Martine Aubry avait fini par remporter le scrutin d’une courte tête avec 227 voix d’avance sur son rival écologiste. Trois ans après, certains estiment encore que certaines de ces voix ont été acquises de façon illicite par la candidate socialiste. Le parquet de Lille a ouvert, fin août, une enquête préliminaire pour « corruption active et passive », « trafic d’influence » et « recel » de ces délits susceptibles d’être reprochés à Martine Aubry mais aussi à Licia Boudersa. Si le nom de la première est connu de tous, celui de la seconde est surtout célèbre dans le milieu sportif. Dans le monde de la boxe notamment où elle s’illustre pour être quadruple championne du monde de la discipline dans les catégories poids-plumes et poids super-plumes…

Toujours est-il que le parquet de Lille a ouvert une enquête afin de savoir si cette championne de boxe, très présente dans les quartiers lillois, n’a pas monnayé son soutien en faveur de Martine Aubry en échange d’un emploi municipal dont elle a bénéficié à l’époque. Car dans ce dossier, ce sont les dates qui posent question. Quelques jours avant le premier tour, Licia Boudersa avait publié plusieurs messages de soutien sur les réseaux sociaux et avait rejoint le comité de soutien de la fille de Jacques Delors. Sans oublier une vidéo de 34 secondes sans équivoque. « Je soutiens Martine Aubry parce qu’elle m’a toujours soutenue, tout au long de ma carrière, affirmait-elle dans ce message. Elle croit en la jeunesse lilloise. » Le 16 mars, à la veille du premier tour, la championne de boxe paraphait un contrat d’un an en qualité d’animatrice sportive pour la mairie de Lille.

C’est en découvrant cela que Violette Spillebout, candidate malheureuse face à Martine Aubry lors de ces municipales lilloises et aujourd’hui députée (Renaissance) du Nord a manqué s’étrangler. Elle s’est souvenue que quelques semaines avant le scrutin, la même Licia Boudersa avait envisagé de rejoindre sa liste. Ce ne serait pas la première fois qu’un homme ou une femme politique retourne sa veste. Mais dans la mesure où un contrat de travail a été signé au même moment, Violette Spillebout a clairement eu des doutes.

« Aucune inquiétude » à la mairie de Lille

Celle-ci a donc d’abord déposé un recours au tribunal administratif pour contester les résultats des élections perdues. Résultats qu’elle estimait « insincères » à plusieurs titres. Mais ni le tribunal administratif, en première instance, ni le Conseil d’État en appel, ne lui ont donné raison. Combative, elle a alors fait un signalement (article 40) auprès du procureur de la République de Lille. C’est ce signalement qui a conduit le parquet à ouvrir cette enquête préliminaire. Et à en confier les investigations à la police judiciaire.

Car Violette Spillebout n’a pas accusé Martine Aubry et Licia Boudersa d’avoir magouillé sur la seule base de quelques soupçons. Elle a versé au dossier des SMS que la championne de boxe avait échangés à l’époque des faits. Des SMS plus que troublants. « J’ai toujours dit que ma priorité était mon boulot, indiquait-elle ainsi à l’une de ses interlocutrices. Moi, je m’en fous complètement de la politique, mon intérêt est personnel. Aujourd’hui, je suis au chômage. Donc, je n’ai pas à être jugé par qui que ce soit. La politique détruit des familles et des amis, par choix. Moi je n’ai fait aucun choix, mais j’ai toujours dit que je serais avec la personne qui me trouvera du travail... »

Voilà donc sur quoi le parquet de Lille a décidé d’enquêter. Plus de trois ans après les faits. Et dix-huit mois après avoir reçu le signalement. C’est sans doute pour ça que la mairie de Lille a accueilli l’annonce de l’ouverture de cette enquête « sans aucune inquiétude ». « Nous n’en sommes pas informés. Mais de toute façon, ce sujet a déjà été tranché deux fois par la justice administrative. Il n’y a rien de neuf... » Sans que cette fois-ci, c’est la justice pénale qui est chargée du dossier. Les investigations ne font que débuter.

newsid:486883

Cookies juridiques

Considérant en premier lieu que le site requiert le consentement de l'utilisateur pour l'usage des cookies; Considérant en second lieu qu'une navigation sans cookies, c'est comme naviguer sans boussole; Considérant enfin que lesdits cookies n'ont d'autre utilité que l'optimisation de votre expérience en ligne; Par ces motifs, la Cour vous invite à les autoriser pour votre propre confort en ligne.

En savoir plus