Lexbase Avocats n°99 du 24 novembre 2011 : Avocats/Institutions représentatives

[Questions à...] Elections des membres du conseil de l'Ordre du barreau de Paris - Questions à Maître Danièle Véret, avocate et candidate

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par Yann Le Foll, Rédacteur en chef

le 24 Novembre 2011

Les élections des membres du conseil de l'Ordre du barreau de Paris sont prévues les 6 et 7 décembre 2011. L'enjeu est important et chacun des candidats porte un projet destiné à faire avancer la profession. Les éditions juridiques Lexbase ont choisi, aujourd'hui, de s'entretenir avec l'un des candidats à cette élection, Maître Danièle Véret. Lexbase : Quel est votre profil et pourquoi vous présentez-vous aux élections ordinales ?

Danièle Véret : Passionnée par les systèmes de droit et l'application concrète des règles, j'ai fait des études de droit privé et de droit public, à dominante droit international. Fortement attirée par le monde des entreprises, j'ai cherché très vite des stages qui m'ont permis de m'insérer dans les rouages d'une organisation. Chaque action doit être engagée dans le respect de la stratégie élaborée par la présidence et la direction générale, doit tenir compte des moyens financiers, en s'appuyant et en combinant les compétences et les expériences de chacun des membres de l'entreprise, au regard de sa fonction. L'avocat intègre ces dimensions pour mener ses recherches et donner ses conseils. Il prend du recul par rapport aux pressions qui l'entourent. Il raisonne et analyse les risques. Il oriente tout en restant en retrait. Il apprend en permanence les lois, les réglementations, la jurisprudence et découvre des usages propres à la profession exercée par son client. Il agit en toute indépendance et avec conscience.

C'est toute cette démarche qui me motive chaque jour.

Bercée dans un milieu ouvert à l'international, j'ai cultivé l'approche comparative des droits et étudié les droits anglais et nord-américain des affaires.

Mes premiers stages, je les ai faits dans la banque, au tout début du traitement automatisé des chèques. Puis mon parcours professionnel a commencé par une expérience à la direction juridique d'une société de services en informatique où je me suis familiarisée avec le conseil et l'industrie du logiciel. Je n'ai plus quitté ce secteur mais, quelques années plus tard, je suis entrée en plus dans le monde de la maintenance industrielle.

En entreprise puis en cabinet d'avocat, j'ai eu la chance de pouvoir contribuer à la création d'une véritable branche transversale du droit, que l'on dénomme souvent le droit des nouvelles technologies ou le droit des technologies de l'information et de la communication. Un droit qui touche de très nombreuses matières, en droit privé et en droit public, telles que les contrats, la responsabilité, la concurrence, la propriété intellectuelle, pour celles que je pratique, en conseil et en contentieux.

Mon implication dans les syndicats professionnels a été continue. Avec les juristes du secteur de l'informatique, nous avons élaboré au Syntec Informatique des guides d'aide à la rédaction des contrats de développement, licence, maintenance de logiciel ; de conseil et d'assistance technique ; de fourniture de système informatique, et d'autres.

Avec les ingénieurs, nous avons mis en place à l'Association française des services de management (AFSM) un guide de rédaction de contrats de maintenance de matériels informatique.

Puis j'ai rejoint une autre équipe d'ingénieurs qui apportaient leurs connaissances dans le groupe de travail sur la maintenance industrielle de l'AFNOR, puis du Comité européen de normalisation. Nous avons élaboré ensemble des normes, et notamment la première norme européenne sur l'aide à la rédaction d'un contrat de maintenance industrielle.

Aujourd'hui, j'ai envie de m'investir pour la profession d'avocat, pour servir mes confrères. Avec une approche pratique. Leur donner des guides. Leur permettre de bénéficier d'avantages dans leurs achats pour leurs cabinets. Leur faciliter la vie dans leurs démarches.

Lexbase : Quels sont vos arguments de campagne ?

Danièle Véret : J'aimerais contribuer, au sein du conseil de l'Ordre des avocats de Paris, à un rapprochement de nos diverses pratiques, pour croiser et développer leurs spécificités et leurs richesses :

- rapprocher ainsi grandes et petites structures, car tous, nous avons des préoccupations semblables telles les statuts de notre structure, la gestion des méandres des cotisations, la recherche de locaux adaptés et évolutifs, l'aménagement d'un plan de carrière pour les jeunes avocats, etc.. J'ai travaillé successivement dans deux grands cabinets renommés pour exercer maintenant dans ma propre structure entourée de quatre jeunes avocats et juristes ;

- rapprocher les privatistes et les publicistes, que l'on oppose trop facilement, alors que tous conseillent leurs clients et défendent les mêmes intérêts. Ma formation et ma pratique me conduisent à exercer en parallèle dans ces deux univers ;

- on sépare les avocats qui rédigent des contrats de ceux qui vivent au Palais ; et pourtant, tous sont confrontés au coût de la documentation, papier ou en ligne, au prix des fournitures de bureau, à l'achat de photocopieurs, de billets de train ou d'avion... j'ai déjà apporté ma forte contribution à la création d'une sorte de "comité d'entreprise" pour tous les avocats, je veux parler de la Centrale de référencement des fournisseurs pour les avocats du barreau de Paris. Je souhaiterais vivement poursuivre cette tache au sein du conseil de l'Ordre ;

- j'aimerais également aider à développer le travail à distance, grâce notamment aux outils technologiques, tout en lui permettant de préserver l'âme d'un cabinet. Cela pourrait permettre de protéger des vies de couple et de famille ;

- poursuivre vers la prise en charge financière des rétrocessions des femmes avocates qui sont en congé de maternité. Il ne faut pas décourager les femmes d'être avocates car cela leur convient bien. Et il est fondamental pour notre société qu'elles donnent aussi la vie ! Un fonds commun pourrait être établi à cette fin.

Grâce à mon parcours, je peux contribuer à ces différents rapprochements nécessaires au sein de la profession. Concrètement, je pourrais jouer un rôle actif dans différentes commissions dans lesquelles travaillent les membres du conseil de l'Ordre.

Lexbase : Quels sont les projets qui vous tiennent à coeur ?

Danièle Véret : La communication dans ses formes traditionnelles et dans ses formes modernes est une passion.

La communication de toujours, c'est la formation. Je crois dans les multiples vertus de la formation, tant pour celui qui transmet le savoir que pour celui qui le reçoit.

Outre les formations que mes collaborateurs et moi-même dispensons dans les universités et les écoles d'ingénieurs, il m'a été permis d'enseigner à l'Ecole de formation du barreau pendant quelques années -l'arbitrage dans les nouvelles technologies puis la mise en place de procédures de qualité pour la gestion des cabinets d'avocats-. Les échanges qui se sont créés lors de ces formations initiales m'ont appris beaucoup sur ce que les avocats attendaient de la profession dans laquelle ils allaient entrer. Pas forcément toujours les mêmes préoccupations que celles que j'ai pu avoir. Une très grande richesse.

Cette année, j'ai eu la possibilité de m'immerger dans la problématique des réseaux sociaux en donnant un cours de formation continue à l'Ecole de formation du barreau sur un sujet qui m'est devenu cher : les réseaux sociaux et le secret professionnel. Les réseaux sociaux, c'est la communication au sens moderne. C'est un aspect passionnant que notre profession doit prendre en compte.

Sans vraiment y prêter attention, nous sommes passés en quelques années de l'information passive à l'information active :

- de la consultation des lois, de la réglementation et de la jurisprudence sur des bases de données accessibles en ligne ;

- à l'émission de notre propre information via le site internet de notre cabinet ;

- puis à l'échange d'informations et d'impressions en simultané par les réseaux sociaux.

Nous sommes passés sans le voir de la technologie de l'information (web 1.0) à la technologie de la communication (web 2.0). Nous sommes véritablement au coeur d'une révolution technologique qui a un impact direct sur la préservation de ce qui fait notre différence : nos règles déontologiques. A cet égard, j'aimerais travailler à la construction d'un véritable code de bonne conduite sur l'utilisation des réseaux sociaux par les avocats, permettant de bénéficier de la richesse de ces vecteurs de communication tout en préservant le respect de nos règles déontologiques, en particulier le secret professionnel.

Il convient de donner envie à nos clients de continuer à nous faire confiance parce que nous avons prêté serment d'exercer nos fonctions "avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité".

Les avocats ne doivent pas oublier qu'ils sont avocats 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Cela touche tous les avocats facebookers, les suiveurs qui twittent, les fervents de Linked-in ou de Viadeo et d'autres encore... N'oublions pas que sur les réseaux sociaux, nous n'avons pas que des amis et des amis d'amis...

Il faut garder à l'esprit les lois mais aussi préserver l'esprit des lois, comme le préconisait Montesquieu. C'est là un projet qui me tient vraiment à coeur.

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