Le Quotidien du 22 septembre 2025 : Actualité judiciaire

[A la une] Raël échoue à faire condamner une de ses anciennes disciples qui raconte avoir été son « esclave sexuelle »

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par Axel Valard

le 19 Septembre 2025

Claude Vorilhon n’a pas fait le déplacement jusqu’à la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris, mercredi 17 septembre. À 78 ans, celui qui se fait toujours appeler Raël profite de sa retraite sur l’île d’Okinawa au Japon où il attend et prépare toujours l’arrivée des extraterrestres. Cela fait plus de cinquante ans que cela dure. Depuis 1973 exactement, date à laquelle il assure avoir rencontré les « Elohim » alors qu’il se trouvait dans le Puy-de-Dôme. C’est là qu’il a lancé son mouvement. Et c’est, d’une certaine manière, ce qui l’a amené devant la justice française, mercredi 17 septembre.

Pour bien comprendre tout ça, il faut en réalité remonter aux origines de l’histoire et évoquer sa philosophie. Son mouvement, qualifié de « sectaire » dans le rapport parlementaire contesté de 1995, assure donc que les extraterrestres, les « Elohim » dans le jargon raëlien, n’attendent que la construction d’une « ambassade » pour venir nous rendre visite. Il faut nécessairement de l’argent pour la construire. Et puis, surtout, il faut se préparer à leur façon de vivre. Depuis ses origines, le mouvement revendique ainsi une très grande liberté sexuelle, essentiellement basée sur l’échangisme et le polyamour.

Au-delà de l’aspect financier et de l’emprise évidente sur certains esprits, le problème du mouvement raëlien réside dans le fait que cette liberté sexuelle s’applique aussi aux enfants. Claude Vorilhon, lui-même, l’a revendiqué dans un livre paru en 1978 : « L’éducation sexuelle est très importante. Mais elle n’apprend que le fonctionnement technique des organes et leur utilité, tandis que l’éducation sexuelle doit apprendre comment l’on peut avoir du plaisir par ses organes, en ne recherchant que le plaisir (…) Ne rien dire à ses enfants au sujet du sexe, c’est mal. Leur expliquer à quoi ça sert, c’est mieux, mais ce n’est pas encore suffisant : il faut leur expliquer comment s’en servir pour en retirer du plaisir ».

Le statut de « plume rose cordon doré » de Lydia Hadjara.

Opposée aujourd’hui en justice au leader du mouvement, Lydia Hadjara avait 4 ans lorsque ses parents ont commencé à l’emmener dans les camps d’été raëliens. Selon son récit, elle a été assez vite « repérée » et confiée, à 10 ans, aux mauvais soins d’un « évêque » chargé de la « préparer » pour qu’elle soit « prête » à 18 ans, à « servir » Claude Vorilhon.

Agée d’une quarantaine d’années, Lydia Hadjara a évidemment visionné le documentaire diffusé sur Netflix, en 2024 (Raël, le prophète des extraterrestres). « Mais elle a trouvé que cela n’insistait pas assez sur l’importance de la sphère sexuelle dans le mouvement », indique Aline Lebret, son avocate. « Elle a regretté que le documentaire puisse laisser croire à une bienveillance dans le fonctionnement de la secte ».

C’est sans doute pour cela que la jeune femme a décidé, par la suite, de publier un livre sur son histoire. Dans « J’étais son esclave » (City Editions, janvier 2025), elle revient donc sur toute son histoire. Et surtout sur le statut de « plume rose cordon doré » que Raël lui avait accordé. Façon de dire qu’il la réservait pour ses seuls besoins et envies. « J’attendais pour tout, même pour qu’il valide les vêtements que je portais puisque c’était lui qui décidait comment je devais m’habiller. (…) En parallèle de ma formation aux tâches ménagères, je couchais avec Raël dès qu’il en avait envie. N’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il avait un grand appétit sexuel ».

Une procédure en diffamation en parallèle.

Après la publication, Lydia Hadjara a donné quelques interviews pour faire la promotion de son livre. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée face à Mouloud Achour pour les besoins de l’émission Clique sur Canal +. Là, elle n’a pas hésité à qualifier Raël « d’être diabolique », au « même niveau qu’Hitler ».

Bien loin de tout ça, Claude Vorilhon a eu le temps de visionner cette interview. Et il a donc décidé de faire citer son ancienne disciple directement en justice pour « injures publiques », la qualifiant au passage de « mythomane ». C’est donc ce dossier qui s’est retrouvé devant la 17e chambre du tribunal de Paris cette année. Mercredi 17 septembre, la justice a débouté le leader du mouvement et relaxé Lydia Hadjara aux fins de la poursuite. De quoi soulager cette jeune femme, toujours fragile aujourd’hui.

Sauf que l’affaire ne devrait pas s’arrêter là. En parallèle, Raël a également entamé une procédure en diffamation contre la même Lydia Hadjara. Une audience devrait avoir lieu en janvier. Reste à savoir si les extraterrestres auront débarqué d’ici là…

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