Le Quotidien du 20 juin 2024 : Actualité judiciaire

[A la une] Un silure mangeur d’hommes, un requin « sous la Seine » et une procédure en « parasitisme » devant le tribunal judiciaire de Paris

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par Vincent Vantighem

le 19 Juin 2024

Impossible de passer à côté ! Tous ceux qui surfent sur la plateforme Netflix le soir en se demandant quel film regarder pour se vider le cerveau ont forcément vu, d’un œil amusé, la dernière « création originale ». Baptisé Sous la Seine, ce long-métrage raconte l’arrivée d’un requin ayant muté, dans les eaux de Paris, juste avant une compétition de triathlon dans la Seine. Toute ressemblance avec des événements olympiques qui doivent se dérouler prochainement sont voulus. Cliché du genre, le fim déploie tous les effets que l’on en attend : de la peur, du sang, une héroïne qui veut sauver le monde, un policier beau gosse et une musique angoissante. Suffisamment efficace pour l’avoir transformé en carton. C’est, en effet, actuellement le film le plus regardé sur la plateforme.

Cette histoire aurait pu s’arrêter là. Elle aurait même dû s’arrêter là, sans objectif de vouloir marquer l’histoire du septième art. Seulement voilà, il y en a un qui n’a pas digéré le repas du requin. Il s’appelle Vincent Dietschy et il est cinéaste de son métier. Quelques mois avant la sortie du film quand la promotion, à grands renforts d’affiches collées à l’arrière des bus de la RATP, débutait, il a remarqué que Sous la Seine reprenait des éléments d’un de ses vieux scénarios… C’est pourquoi il a décidé de saisir le tribunal judiciaire de Paris, au civil, d’une procédure en « parasitisme ». Normal pour évoquer une histoire de requin et de silure.

Car Vincent Dietschy reproche à Netflix d’avoir repris son histoire exception faite du grand méchant qui, dans sa trame initiale, n’était pas un requin mais un silure, donc, plus accoutumé aux eaux douces que les squales. Selon lui, il avait évoqué ce scénario dès 2015 sans jamais parvenir à le vendre. « Il avait rédigé ce qu’on appelle un "traitement", indique Héloïse de Castelnau, son avocate. C’est-à-dire un scénario non dialogué d’une trentaine de pages… »

Pourquoi ne pas demander à Steven Spielberg ?

D’après lui, Netflix aurait donc pompé son idée en changeant uniquement la figure du monstre. Suffisant à ses yeux pour lancer une procédure en « parasitisme ». Il ne faut pas chercher. Ce délit n’existe pas clairement dans le Code de procédure pénale. Il s’agit d’une notion jurisprudentielle. « On a plutôt l’habitude du plagiat ou de la contrefaçon, explique Héloïse de Castelnau. Mais ici, on évoque une idée de Vincent Diestchy. On ne peut pas comparer son film qui n’est jamais sorti à celui de Netflix. C’est pour cela qu’on invoque le parasitisme. »

Lors de l’audience, vendredi 14 juin, le cinéaste était là pour exprimer toute sa rancœur à l’égard de la plateforme. Et d’évoquer un tableau où il a listé tous les points de comparaison entre Silure et Sous la Seine. De quoi faire bondir l’avocat de la plateforme qui, en guise de défense, a avancé tous les codes inévitables des films catastrophe autour de l’attaque d’un animal sur une population. Partant de ce principe, Steven Spielberg aurait pu, lui-aussi, attaquer Netflix pour s’être fait voler son idée des Dents de la mer.

Reste désormais à arbitrer les débats. Charge au tribunal judiciaire de Paris, statuant en matière civile, de donner tort ou raison à Vincent Diestchy. Celui-ci demande simplement que Sous la Seine soit retiré du catalogue de Netflix. Le délibéré a été fixé au 3 juillet. Il reste donc quelques semaines pour admirer ce « chef d’œuvre ».

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