Le Quotidien du 7 avril 2022 : Actualité judiciaire

[A la une] Deux anciens policiers du prestigieux « 36 Quai des Orfèvres » jugés en appel pour avoir violé une touriste canadienne

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par Vincent Vantighem

le 27 Avril 2022

Deux ans qu’Emily Spanton attendait ça. En 2020, elle avait bien fait le voyage depuis le Canada où elle réside. Mais le procès en appel avait été renvoyé en raison de l’épidémie de coronavirus. L’an dernier, nouveau voyage et nouveau renvoi. Cette fois, à cause de l’état de santé d’un des avocats de la défense, victime quelques jours plus tôt d’un accident vasculaire cérébral. Mais mardi matin, enfin, Emily Spanton, 42 ans, a pu s’asseoir sur le banc des parties civiles de la cour d’assises du Val-de-Marne, à Créteil.

Face à elle, dans le box des accusés, deux anciens policiers qu’elle connaît désormais bien : Antoine Q., 43 ans, et Nicolas R., 52 ans. En 2019, en première instance, ils avaient été condamnés à sept ans de prison ferme pour l’avoir violée. Les deux anciens membres de la prestigieuse Brigade de recherches et d’intervention (BRI), qui contestent les faits, avaient immédiatement fait appel de leur condamnation. Ressortis après quelques semaines de détention, ils savent qu’ils risquent, à l’issue de ce procès, de repartir derrière les barreaux.

Un verre de whisky dans les locaux du « 36 Quai des Orfèvres »

Les faits remontent à la nuit du 22 avril 2014. C’était un mardi soir. De passage à Paris, Emily Spanton, une touriste canadienne, se trouve dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel à Paris. Juste de l’autre côté de la Seine, se trouve le siège de la police judiciaire parisienne. Le fameux « 36 Quai des Orfèvres » popularisé par Georges Simenon. Dans le bar, la touriste fait la rencontre de plusieurs policiers de la BRI. L’ambiance est alors au flirt. Et les agents lui proposent une visite nocturne de leurs bureaux.

« J’étais ivre, je savais que je n’étais pas en mesure de retrouver mon hôtel. Je me suis dit qu’au moins, dans un commissariat, je ne pourrais pas boire à nouveau que je rentrerai une fois sobre, avait-elle expliqué à la cour d’assises de Paris lors du procès en première instance. Je me suis dit que j’y serais en sécurité… »

Selon son récit, elle ressortira du QG de la police une heure plus tard, en état de choc, pour dénoncer un viol. Elle affirme que, dans un des bureaux des policiers, les accusés l’auraient forcé à boire un verre de whisky et lui aurait imposé fellations et pénétrations vaginales.

« Ils ont agi comme des soudards ! »

Le premier accusé, Nicolas R. a reconnu une fellation de la plaignante mais il a assuré qu’elle était consentante. Mais pendant la soirée, l’enquête a établi qu’il avait envoyé un texto à un de ses collègues pour l’inviter à les rejoindre. « C’est une touseuse [partouzeuse]. Dépêche [toi] ». Quant au second policier incriminé, Antoine Q., son ADN a été retrouvé à l’intérieur du vagin de la plaignante. Lui s’est défendu en parlant de pénétration digitale consentie.

En première instance, la cour d’assises de Paris avait notamment motivé sa condamnation par « les déclarations constantes de la jeune femme », à l’inverse « des dépositions évolutives, fantaisistes et peu crédibles » des deux accusés. « Ils ont agi comme des soudards ! », avait notamment martelé l’avocat général Philippe Courroye. « Ce soir-là, ils n’étaient pas la police mais des usurpateurs indignes de brassards et ils se sont comportés comme ceux qu’ils pourchassent… »

Antoine Q. est toujours fonctionnaire de police. À l’ouverture de ce procès en appel, il a indiqué occuper des fonctions administratives depuis janvier 2021, quand l’interdiction d’exercer le métier de policier, prononcée dans le cadre de son contrôle judiciaire, a été suspendue. Nicolas R., lui, travaille désormais dans le bâtiment.

Leur procès en appel doit durer trois semaines. Trois semaines au cours desquels une trentaine de témoins et une dizaine d’experts sont attendus à la barre. Emily Spanton, elle, est attendue à la barre, jeudi 7 avril. Les deux hommes qu’elle accuse encourent une peine de 20 ans de réclusion.

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