Le Quotidien du 26 janvier 2022 : Actualité judiciaire

[A la une] Twitter condamné à dévoiler ses outils pour lutter contre la haine en ligne

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par Vincent Vantighem

le 26 Janvier 2022

C’était il y a quasiment dix ans. Un jeune homme originaire de Montpellier (Hérault) balançait une blague sur son compte Twitter très suivi pour tuer le temps : « #UnBonJuif, c’est un dur à cuire lol ^__^ ». En moins de temps qu’il n’en faut pour rédiger un message de cent quarante caractères sans faire de faute d’orthographe, le hashtag (mot-valise) se retrouvait dans les « Trendings Topics » du réseau à l’oiseau bleu. C’est-à-dire parmi les sujets les plus discutés du moment. Chacun y allant de ce qu’il pensait être un trait d’esprit, un jeu de mots, une bonne blague. Sans se rendre forcément compte du mauvais goût. Depuis une foule incalculable a remplacé les « #BonsJuifs » de Twitter. Les Noirs. Les Arabes. Les Blancs. Les personnes d’extrême gauche. Celles d’extrême droite. Les « antivaxx » et ceux qui défendent l’intérêt d’une quatrième dose pour lutter contre le coronavirus. Les homosexuels. Les transsexuels... La liste exhaustive est impossible à dresser.

Prisé pour sa capacité à s’informer en un coup d’œil et sa facilité d’utilisation, le réseau de microblogging est aussi célèbre aujourd’hui pour être un déversoir à horreurs. Ainsi, rares sont les jours où une polémique ne naît pas de l’un de ses courts messages. Avant de s’éteindre dès qu’une autre apparaît… Un jour sans fin, en somme.

La cour d’appel de Paris a confirmé, jeudi 20 janvier, une décision du tribunal judiciaire de Paris qui avait ordonné, en juillet 2021, à Twitter de détailler les moyens de lutte contre la haine en ligne. Dans son arrêt, la cour d’appel confirme le jugement de première instance et condamne, en outre, le réseau à verser 1 500 euros de dommages et intérêts à plusieurs associations à l’origine de la procédure : SOS Racisme, La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), l’Union des étudiants juifs de France et SOS Homophobie.

Des testings en 2020 et 2021

En juillet 2021, le tribunal judiciaire de Paris avait ordonné à Twitter international, société de droit irlandais, la communication de « tout document administratif, contractuel, technique ou commercial relatif aux moyens matériels et humains mis en œuvre pour lutte contre la diffusion des infractions d’apologie de crime contre l’humanité, d’incitation à la haine raciale et à la haine à l’égard de personne à raison de leur sexe ».

La société devait aussi détailler « le nombre, la localisation, la nationalité, la langue des personnes affectées au traitement des signalements provenant des utilisateurs de la plateforme française », « le nombre de signalements », « les critères et le nombre de retraits subséquents », ainsi que le « nombre d’informations transmises aux autorités publiques, en particulier au parquet ». Une demande d’autant plus légitime depuis que le parquet de Paris a ouvert une section consacrée à la « haine en ligne » ces derniers mois.

Twitter avait fait appel de cette décision. Arguant notamment du fait que le réseau social dit employer un peu moins de 2 000 modérateurs dans le monde, sans détailler le pays où ils travaillent ni les langues qu’ils couvrent. Une goutte d’eau quand on sait que le nombre de tweets envoyés par jour avoisine les 500 millions pour 206 millions d’usagers actifs. Pour être efficace, à la louche, il faudrait que chaque modérateur vérifie donc 250 000 messages chaque jour. Quasiment 3 messages par seconde, en considérant qu’ils travaillent 24 heures sur 24…

Évidemment, le réseau social dispose d’algorithmes puissants, de robots modérateurs. Mais ceux-ci n’auront jamais la finesse d’un être humain. Et chaque jour qui passe suffit pour se rendre compte. Quand Twitter « bloque » des messages qui n’ont rien d’infamant alors qu’ils laissent passer des tombereaux d’horreurs.

Twitter s’engage pour « un internet plus sûr »

Dans cette procédure, les associations plaignantes s’appuyaient notamment sur plusieurs « testings » conduits en 2020 et 2021. En mai 2021, une série de signalements menés avait montré que « seuls 28 des 70 tweets haineux notifiés [avaient] été retirés par Twitter au bout de quarante-huit heures », alors que la loi française impose aux grandes plateformes de supprimer rapidement les contenus problématiques.

Dans un communiqué cité par Le Monde, Twitter explique désormais qu’il « étudie la décision qui a été rendue par la cour d’appel de Paris. » « Notre priorité absolue est d’assurer la sécurité des personnes utilisant notre plateforme. Nous nous engageons à construire un internet plus sûr, à lutter contre la haine en ligne et à améliorer la sérénité de la conversation publique. »

Dans un communiqué commun, les plaignants se sont félicités de la décision du tribunal. « Face à la propagation de la haine sur les réseaux sociaux, aux nombreuses actions engagées, la responsabilité de la plateforme est désormais claire. »

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