Le Quotidien du 13 octobre 2021 : Actualité judiciaire

[A la une] La menace d’un procès pénal pour Roman Polanski, mis en examen pour « diffamation »

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par Vincent Vantighem, Grand Reporter à BFM TV

le 06 Janvier 2025

Du haut de l’affiche au rôle d’un tribunal. À 88 ans et alors qu’il planche actuellement sur un nouveau film – une comédie – Roman Polanski pourrait bien devoir intégrer la menace d’un procès pénal à son agenda. Selon les informations de Lexbase, le cinéaste oscarisé pour Le Pianiste en 1998 a été mis en examen, le 23 juillet 2021, pour « diffamation ». De quoi ouvrir la voie à un procès pénal devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris.

Roman Polanski a été mis en examen du chef de diffamation à l'égard de Charlotte Lewis, une actrice britannique qui l’accuse de l’avoir violée en 1983. Pour bien comprendre cette affaire, il faut en réalité remonter au mois de décembre 2019. Alors que la polémique enfle autour de la cérémonie des César qui doit couronner le réalisateur quelques semaines plus tard, Roman Polanski donne une interview à Paris-Match. Son titre ? « On essaie de faire de moi un monstre. » Dans cet entretien, il revient sur les nombreuses accusations de viols qui pèsent contre lui. Et notamment, celle portée par Charlotte Lewis qu’il qualifie alors de « menteuse ».

À son propos, il lâche : « Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur, c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever [ses] contradictions ». L’actrice décide alors de porter plainte pour « diffamation ».

Mis en examen par écrit

La juge d’instruction commence, le 1er avril 2021, par mettre en examen Constance Benqué, la présidente de Lagardère News qui possède Paris-Match. Le 23 juillet dernier, c’est au tour de Roman Polanski d’être mis en examen. Selon nos informations, et comme le permet désormais la loi du 29 mars 2019 (N° Lexbase : L6740LPC), c’est par écrit que le cinéaste a été avisé de la décision judiciaire, et non pas lors d’un interrogatoire en bonne et due forme. Quoi qu’il en soit, les avocats de l’auteur de Chinatown disposaient d’un mois pour formuler des observations. Ils n’en ont rien fait.

Il faudra sans doute attendre le procès devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris pour cela. La procédure étant quasi automatique en matière de diffamation, le travail de la juge devrait s’arrêter là et aboutir à une comparution d’ici un à deux ans, les délais d’audiencement devant cette chambre étant particulièrement longs. Mais le tribunal ne devrait pas pouvoir faire autrement que de revenir sur le fond de l’affaire, les deux protagonistes s’accusant mutuellement de mensonge.

Des faits remontant à 1983

Aujourd’hui âgée de 54 ans, Charlotte Lewis a porté ses accusations contre Roman Polanski en 2010. Les faits de viols qu’elle a alors dénoncés remontent, selon elle, à 1983. À l’époque jeune mannequin âgée de 16 ans, elle raconte s’être rendue à Paris, avec une amie, dans le but de décrocher un premier rôle au cinéma. C’est là qu’elle aurait rencontré Roman Polanski, déjà reconnu dans le milieu du septième art. Après un repas au restaurant, elle assure que le réalisateur l’aurait violée dans son appartement parisien.

Le cinéaste, lui, a toujours contesté les accusations. Pour cela, il invoque notamment les déclarations fluctuantes que l’actrice a formulées au cours des dernières décennies. D’abord, des propos tenus dans un article de France Soir datant de 1986 et dans lequel elle aurait expliqué devoir « tout à Polanski, à Dieu et à [sa] mère... » Surtout, il met en avant un autre article daté d’août 1999 et paru, lui, dans le tabloïd britannique News of the World. Dans ce papier, Charlotte Lewis explique qu’elle voulait, à l’époque, être « la maîtresse de Polanski » et qu’elle se prostituait… Aujourd’hui, elle prétend que ses propos ont été déformés.

L’occasion pour Polanski d’avoir une vérité judiciaire ?

Ce sera donc au tribunal d’arbitrer. Contactés, les avocats de Roman Polanski n’ont pas souhaité faire de commentaire. Mais l’entourage du cinéaste laisse entendre que cette audience pourrait, en réalité, être « enfin » l’occasion pour lui de livrer « sa vérité » dans une enceinte judiciaire et non plus dans les médias. Elle pourrait constituer pour lui le moment pour battre en brèche « toutes les contrevérités » parues à son encontre. Accusé par douze femmes de viols et d’agressions sexuelles, le Franco-polonais n’est visé par aucune poursuite, les faits dénoncés étant tous prescrits.

De son côté, Charlotte Lewis a confié qu’elle comptait aller « jusqu’au bout », tant que « son nom ne serait pas réhabilité à 100 % ». Elle explique notamment avoir subi une campagne de dénigrement de la part des proches de Roman Polanski qui aurait nui à sa carrière.

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