Quelles sont les limites de la liberté d'expression lorsqu'il s'agit de parodier une marque, dans un but de santé publique ? Un arrêt du 19 octobre dernier est, à cet égard, très riche d'enseignements (Cass. civ., 2, 19 octobre 2006, n° 05-13.489, FS-P+B+I
N° Lexbase : A9647DRQ). Dans le cadre d'une campagne publicitaire de lutte contre le tabagisme visant principalement les adolescents, le association reconnue d'utilité publique, avait conçu une série d'affiche et de timbres destinés à la vente, qui parodiaient, notamment, la marque de cigarette "
Camel". Contestant cette campagne, les titulaires de la marque dénonçaient une contrefaçon de marque, des agissements parasitaires et un dénigrement. Au visa des articles 1382 du Code civil (
N° Lexbase : L1488ABQ) et 10 de la CESDH (
N° Lexbase : L4743AQQ), la Cour de cassation a considéré qu'en utilisant des éléments du décor des paquets de cigarettes de la marque "
Camel" sur un mode humoristique, à l'occasion d'une campagne générale de prévention à destination des adolescents, dénonçant les dangers de la consommation du tabac, produit nocif pour la santé, le Comité, agissait, conformément à son objet, dans un but de santé publique, par des moyens proportionnés à ce but, et n'avait de ce fait pas abusé de son droit de libre expression.
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