Dans un arrêt du 14 février 2006, la Cour de cassation s'est prononcée dans une affaire où la responsabilité de l'Etat était mise en cause par un mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises en raison du préjudice que lui aurait causé le service public de la Justice (Cass. civ. 1, 14 février 2006, n° 04-15.595, FS-P+B
N° Lexbase : A1772DNX). En l'espèce, un mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises avait engagé contre l'Etat une action tendant à être indemnisé du préjudice que lui aurait causé le service public de la Justice de 1986 à 1989 pour absence de toute désignation et par la suite jusqu'à sa démission pour mesures vexatoires et discrimination, se manifestant par une répartition inéquitable des dossiers entre les mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises établis auprès du tribunal de commerce de Bobigny. La cour d'appel de Paris avait retenu une telle responsabilité et alloué la somme de 40 000 euros à titre de dommages-intérêts, tout en la déboutant de ses autres demandes. Le mandataire demandait réparation du dommage matériel subi du fait de la perte de bénéfice de 1996 à 2000 et de son préjudice moral, pour violation de l'article L. 781-1 du Code de l'organisation judiciaire (
N° Lexbase : L3351AM3). La Haute juridiction indique que ce texte ne concerne que la responsabilité de l'Etat envers les usagers du service public de la Justice et n'est pas applicable à un mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises, qui a la qualité de collaborateur du service public. Concernant son action en réparation du dommage anormal et spécial subi du fait de la perte de bénéfice de 1996 à 2000 et de son préjudice moral, la Cour indique que la situation créée par la répartition des dossiers dits impécunieux participait de l'aléa normal auquel s'expose tout mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises et ne constituait pas un préjudice anormal, spécial et d'une certaine gravité ouvrant droit à une indemnisation de la part de l'Etat.
© Reproduction interdite, sauf autorisation écrite préalable