Le Quotidien du 11 juin 2025 : Actualité judiciaire

[A la une] La procureure de Paris répond à Stéphane Plaza qui accuse le parquet d’avoir « truqué » son procès pour violences conjugales

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[A la une] La procureure de Paris répond à Stéphane Plaza qui accuse le parquet d’avoir « truqué » son procès pour violences conjugales. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/article-juridique/120031526-a-la-une-la-procureure-de-paris-repond-a-stephane-plaza-qui-accuse-le-parquet-davoir-truque-son-proc
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par Axel Valard

le 10 Juin 2025

Il y a parfois des attitudes qui en disent plus qu’un long discours. Ainsi, plus encore que ses mots, c’est sans doute le petit sourire en coin qu’arborait Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris, à la fin de son interview sur BFMTV vendredi 6 juin, qui permet de cerner ce qu’elle pense réellement de l’attitude de Stéphane Plaza. La veille, l’ex-animateur préféré des Français avait donné une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé que son procès avait été « truqué », estimant que le parquet de Paris avait « manœuvré » pour obtenir sa condamnation, au moyen d’un « faux en écriture publique ». Des accusations graves sur lesquelles la procureure ne pouvait être qu’interrogée.

« Stéphane Plaza dit vraiment que le parquet a voulu faire ‘un coup de communication’ en matière de violences conjugales ?! Laissez-moi partager mon étonnement, a-t-elle donc attaqué en réponse à Apolline de Malherbe. Croyez-vous vraiment que le parquet de Paris qui juge par mois 87 procédures de violences conjugales, qui se déplace au sein de services hospitaliers pour mettre en place la possibilité de recueillir des preuves sans qu’il y ait de dépôt de plainte et qui, quand il se déplace, est accompagné par un Premier ministre, qui fait des colloques au sein de sa juridiction auxquels participent journalistes, avocats, policiers… a besoin de Monsieur Stéphane Plaza pour faire sa communication dans sa lutte contre les violences conjugales ? Permettez-moi d’être en distance de ses assertions…».

Deux enquêtes en parallèle.

Des mots polis et choisis donc. Mais aussi ce petit sourire qui ne faisait aucun doute sur le peu de cas qu’elle fait des lourdes accusations portées par l’ancienne star de M6. La veille, dans la prestigieuse Maison de la Chimie dans le septième arrondissement de Paris, encadré par ses deux avocats, Stéphane Plaza avait donc annoncé avoir assigné l’état en justice pour « faute lourde », afin de dénoncer le dysfonctionnement de la justice qui, à ses yeux, a conduit à sa condamnation à douze mois de prison avec sursis pour des violences habituelles sur une de ses anciennes compagnes, le 18 février dernier.

« Depuis plus de deux ans, je vis des moments difficiles qui jouent sur ma santé et celle de ma famille. J’ai l’impression d’avoir été enterré vivant. Cette injustice me tue. Mon destin a été brisé et je le sais. » Ce que Stéphane Plaza appelle « injustice » renvoie en réalité à cette affaire. Pour bien comprendre, il faut remonter le temps jusqu’en juin 2023. À cette époque, c’est l’animateur qui dépose une première plainte pour dénoncer le cyberharcèlement dont lui et ses proches sont victimes. Selon lui, des centaines de messages fleuris destinés à dénoncer ses infidélités.

Quelques mois plus tard, en septembre 2023, Mediapart publie une enquête contenant le témoignage de plusieurs ex-compagnes de l’animateur parlant de faits de violences. Le parquet de Paris ouvre deux enquêtes : la première pour cyberharcèlement, la seconde pour les faits de violences. Le temps file… Mais en janvier 2025, le jour où Stéphane Plaza se présente à la barre du tribunal judiciaire de Paris pour être jugé pour ces faits de violences, on apprend que l’enquête pour cyberharcèlement a été classée sans suite en raison de l’absence d’identification du ou des auteurs de l’infraction.

Rendez-vous le 30 mars 2026 au civil.

Sauf que les nouveaux avocats de Stéphane Plaza ont lu l’enquête sur le cyberharcèlement. Et ils n’ont pas du tout la même lecture que le parquet de Paris. En réalité, « cette enquête a permis d’identifier des auteurs du cyberharcèlement parmi lesquels au moins l’une des accusatrices des faits de violences à l’encontre de Stéphane Plaza, grogne Julien Roelens, l’un de ses avocats. Le problème, c’est que l’enquête a été classée sans suite. Dès lors, tout cela n’a pas pu être abordé lors de l’audience sur les faits de violence. Si cela avait été le cas, le résultat aurait peut-être été différent...».

Évidemment, c’est une lecture très orientée des faits. Si on devait résumer, les nouveaux avocats de Stéphane Plaza estiment qu’il n’a pas eu droit à un procès équitable et que cette situation est due à l’attitude du parquet de Paris. C’est oublier un peu vite que le procès a clairement établi que Stéphane Plaza s’était rendu coupable de faits de violences sur une de ses deux anciennes compagnes, même s’il estime qu’il n’avait pas « fait exprès », que c’était dû à sa « maladresse »… Toujours est-il que désormais c’est à la justice de déterminer s’il s’agit d’un « dysfonctionnement de la justice » ou pas.

L’assignation de l’État pour « faute lourde » a déjà été prise en compte. Il y aura une audience au civil le 30 mars 2026. Il faudra sans doute attendre cette échéance avant d’envisager le procès en appel de Stéphane Plaza pour les faits de violences.

 

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