Le Quotidien du 17 mai 2021 : Données personnelles

[Brèves] Avis de la CNIL sur le projet de passe sanitaire pour l’accès aux grands rassemblements de personnes

Réf. : CNIL, délibération n° 2021-054, 12 mai 2021 (N° Lexbase : X8849CMP)

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par Marie-Lou Hardouin-Ayrinhac

le 18 Mai 2021

► Par sa délibération en date du 12 mai 2021, la CNIL s’est prononcée en urgence sur le projet du Gouvernement relatif à la mise en place d’un passe sanitaire conditionnant l’accès à certains lieux publics recevant de grands rassemblements de personnes ; la loi et le règlement devront préciser les modalités concrètes de ce dispositif ainsi que les garanties nécessaires pour éviter tout risque d’atteinte au droit au respect de la vie privée et à la protection des données personnelles.

Contexte. Afin de permettre la reprise de diverses activités interrompues en raison de la crise sanitaire et la réouverture des lieux fermés en minimisant, dans la mesure du possible, les risques de contamination associés, le Gouvernement envisage de conditionner l’accès à certains lieux, établissements ou évènements impliquant de grands rassemblements de personnes (plus de 1000), à la présentation d’une preuve attestant qu’une personne :

- a été vaccinée contre la Covid-19 ; ou

- a reçu un résultat de test négatif ; ou

- s’est rétabli d’une infection antérieure à la Covid-19.

En pratique, c’est la fonctionnalité « TousAntiCovid-Carnet », développée initialement pour permettre les déplacements nécessitant un contrôle sanitaire dans le cadre du futur « certificat vert numérique » européen, qui pourrait être utilisée pour accéder aux lieux, évènements et établissements concernés.

Compte tenu des enjeux pour les personnes et du caractère inédit d’un tel dispositif, la CNIL exprime le regret d’avoir à se prononcer dans un délai si bref et postérieurement aux débats intervenus, en première lecture, à l’Assemblée nationale, le principe du passe sanitaire ayant pourtant été évoqué de longue date.

Sur le caractère temporaire du dispositif de passe sanitaire

S’il ne lui appartient pas de se prononcer sur l’utilité scientifique d’un tel dispositif, sur laquelle le Conseil scientifique a rendu un avis positif, la CNIL rappelle que son utilisation ne saurait en aucun cas être maintenue au-delà de la crise sanitaire. En effet, le maintien du dispositif doit être limité à la durée strictement nécessaire à la réponse à la situation sanitaire exceptionnelle et devra, en tout état de cause, prendre fin dès que cette nécessité disparaîtra.

La CNIL demande donc que l’impact du dispositif sur la situation sanitaire soit étudié et documenté de manière fréquente, à intervalle régulier et à partir de données objectives, pour aider les pouvoirs publics à décider ou non de son maintien et demande à ce que ces éléments lui soient transmis.

Sur les garanties à mettre en œuvre en matière de respect des droits et libertés fondamentaux des personnes concernées

  • Une utilisation limitée aux événements rassemblant un grand nombre de personnes

Le Gouvernement a indiqué qu’il limiterait l’usage du passe sanitaire aux seuls événements les plus à risques en raison du grand nombre de personnes présentes, en excluant :

- les lieux qui ont trait aux activités quotidiennes de la population : restaurants, lieux de travail, commerces, etc. ; 

- ceux liés à certaines manifestations habituelles de libertés fondamentales : notamment la liberté de manifester, de réunion politique ou syndicale et la liberté de religion.

La CNIL estime que ces limitations apportent des garanties de nature à minimiser les conséquences du dispositif sur les droits et libertés des personnes.

Elle regrette toutefois l’absence de définition plus précise s’agissant de la nature des lieux, établissements et évènements concernés et considère qu’il est nécessaire d’encadrer, dans la loi :

- le seuil de fréquentation simultanée minimal, et les modalités d’évaluation de celui-ci, au-delà duquel le passe sanitaire pourrait être mis en œuvre ;

- les restrictions d’usage du passe sanitaire en interdisant explicitement la possibilité pour les responsables des lieux qui ne sont pas visés par le dispositif de conditionner, de leur propre initiative, l’accès à la présentation des preuves numériques certifiées.

  • Garantir un niveau de protection des données personnelles particulièrement élevé

La CNIL considère que, compte tenu de son caractère sensible et inédit, la loi et le règlement devront préciser :

- les modalités concrètes de ce dispositif : finalités, nature des lieux concernés, personnes autorisées à vérifier les preuves, etc. ; 

- les garanties nécessaires pour éviter tout risque d’atteinte au droit au respect de la vie privée et à la protection des données personnelles : absence de conservation des données dans le cadre du processus de vérification, absence de possibilité de réutilisation des données à d’autres fins, etc..

Par ailleurs, la CNIL a rappelé l’importance de limiter strictement la divulgation d’informations privées, relatives à la santé des personnes, lors de la vérification des certificats. Elle invite donc le Gouvernement à mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, une solution qui permettrait de limiter l’accès aux personnes autorisées à vérifier les certificats à un résultat (couleur verte ou rouge), en complément de l’identité de leur titulaire, afin de ne pas révéler s’il a été vacciné, a fait un test ou s’est rétabli d’une infection antérieure à la Covid-19.

  • Maîtriser le risque de discrimination et assurer l’inclusion de chacun dans le dispositif

La CNIL met en avant l’importance d’assurer l’inclusion de l’ensemble de la population dans le dispositif afin d’éviter tout risque de discrimination, en raison de l’état de santé mais également en raison de la capacité d’accès et d’usage des outils numériques telle que l’application « TousAntiCovid ».

Elle souligne, à cet égard, la nécessité d’interdire toute discrimination entre les différents types de preuves et précise qu’un tel dispositif, qui doit s’inscrire dans une stratégie sanitaire globale et cohérente, ne peut se justifier qu’en complément d’une politique d’accès aux tests et aux vaccins active et équitable.

Enfin, la CNIL rappelle que ces certificats doivent également être disponibles en version « papier » afin de s’assurer de l’inclusion de chacun dans le dispositif. Elle invite le Gouvernement à réfléchir au format et au contenu des preuves papier certifiées de sorte à ce qu’elles présentent les mêmes garanties que leur version numérique en matière d’accessibilité et de protection des données personnelles.

La CNIL sera vigilante sur les modalités concrètes de mise en œuvre de ce dispositif et s’assurera que les droits et libertés des personnes sont respectés, notamment en faisant usage du pouvoir de contrôle que le législateur lui a confié.

Pour aller plus loin : 

  • v. M.-L. Hardouin-Ayrinhac, Certificat vert numérique : adoption d'un avis conjoint par le CEPD et le Contrôleur européen de la protection des données sur la proposition de règlement, Lexbase Droit privé, avril 2021, n° 862 (N° Lexbase : N7213BYS) ;
  • v. M.-L. Hardouin-Ayrinhac, « TousAntiCovid-Carnet » : quelles sont les garanties à respecter ?, Lexbase Droit privé, avril 2021, n° 863 (N° Lexbase : N7294BYS) ;
  • v. ÉTUDE : L'application « TousAntiCovid » (anciennement « StopCovid »)in Recueil Covid-19, Lexbase (N° Lexbase : E69653MW).

 

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