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par Fabien Girard de Barros, Directeur de la rédaction
le 27 Mars 2014
Hugo, le même, qui ne pensait pas voir si juste, lorsqu'il clamait : "Créer, c'est se souvenir". C'est ce qu'a fait François Ceresa en publiant, aux éditions Plon, deux ouvrages Cosette ou le temps des illusions et Marius ou le fugitif, présentés comme la suite du "véritable monument de la littérature mondiale", oeuvre "à jamais achevée" procédant "d'une démarche philosophique et politique", Les Misérables. Crime de lèse-majesté (pardon Hugo), pour la cour d'appel ! La Cour de cassation, en revanche, plus soucieuse du bon droit que du bon goût littéraire, a considéré, le 30 janvier dernier, qu'une telle suite, qui se rattache au droit d'adaptation, relève, en outre, de la liberté de création, laquelle "sous réserve du respect du droit au nom et de l'intégrité de l'oeuvre adaptée", peut s'exercer à l'expiration du monopole d'exploitation dont l'auteur ou ses héritiers ont bénéficié. Et Nathalie Baillon-Wirtz, Maître de conférences à l'Université de Reims Champagne-Ardenne, de rappeler, au sein de ses observations, Suite et fin (?) des Misérables, que le droit moral de l'auteur, sorte de "cordon ombilical" qui lie le créateur à son oeuvre, entre parfois en conflit avec le progrès artistique et les intérêts de la collectivité, notamment à mesure que le temps passé érode ce lien personnel.
Doit-on jeter la première pierre à François Ceresa coupable de se souvenir pour créer ? Rappelons que le 18 juillet 1668, Molière, lui-même, s'était hautement inspiré de Plaute et plus particulièrement de l'Aularia ou La comédie de la marmite, pour créer L'avare. Au héros de Plaute, Euclion, Molière emprunte son caractère soupçonneux, sa méfiance maladive à l'égard de la servante Staphyla (devenue le valet La Flèche), et le monologue après le vol de son trésor. Et pourtant, L'avare n'est-il pas un "véritable monument de la littérature mondiale", une oeuvre "à jamais achevée" procédant "d'une démarche philosophique et politique" ? Et nous-même, manquant de suite dans les idées, n'avons-nous pas emprunté, la semaine dernière à La comtesse d'Escarbagnas, pour mieux rendre la monnaie, cette semaine, au père de la Comédie Française... bon droit a besoin d'aide ou d'inspiration.
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