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le 17 Juillet 2024
D’une cellule à l’autre… Les ennuis judiciaires s’accumulent pour Marco Mouly. Condamné pour trois affaires différentes dont la vaste arnaque à la TVA sur les quotas carbone entre 2008 et 2009, « Marco l’Élégant » est aujourd’hui soupçonné d’avoir organisé son insolvabilité afin de ne pas régler ses dettes avec l’État français. C’est ainsi qu’il a été extrait de sa cellule de la prison de la Santé (Paris, 14e arrondissement de Paris), lundi 17 juin en fin de matinée, pour être placé en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Un nouvel épisode judiciaire pour le « roi de l’arnaque » qui intervient alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « organisation d’insolvabilité », « tentative d’escroquerie » et « abus de biens sociaux ».
Pour bien comprendre ce dossier, il suffit de remonter quelques mois en arrière. Sous le coup d’une peine de prison avec sursis probatoire prononcée en 2019 pour une vieille affaire de fraude à la TVA, Marco Mouly est convoqué par une juge d’application des peines. Celle-ci doute clairement qu’il respecte les obligations qui lui ont été fixées. Lesquelles ? Exercer une activité professionnelle réelle, se soumettre à des soins notamment psychologiques et payer une amende de 15 000 euros au Trésor public. Celle-ci n’est qu’une des nombreuses lignes qui figurent sur son ardoise. L’homme de 59 ans, passé à la postérité depuis une série documentaire sur Netflix racontant son histoire, doit aujourd’hui trois amendes de 75 000 euros, un million d’euros et 15 000 euros donc. Sans compter la somme faramineuse de 283 300 000 euros qu’il doit rembourser solidairement avec ses coprévenus de l’affaire dite de la « fraude aux quotas carbone ».
Après une enquête policière, la justice s’est aperçue que Mardoché Mouly de son vrai nom s’arrangerait avec les conditions fixées par la justice. L’emploi qu’il déclarait s’est avéré fictif. Ses consultations chez une psychanalyste soulèvent question. Et surtout, il rechigne à rembourser son amende. L’affaire aurait pu passer inaperçue mais pas avec son pédigrée qui suscite encore aujourd’hui beaucoup de questions.
Des mouvements financiers suspects
En enquêtant, les policiers se sont aperçus de plusieurs étrangetés. D’abord, son livre. Opportunément intitulé La Cavale et publié en 2022 chez HarpersCollins. Pourquoi est-ce sa fille, Cindy, qui a touché l’essentiel des droits d’auteur alors qu’elle n’en a rédigé qu’une toute petite partie ? Qu’en est-il de l’entreprise qui l’emploie sans lui verser de salaire mais lui laisse le droit de se servir de sa carte bancaire pour ses menus achats, notamment vestimentaires ? Pourquoi a-t-il dissimulé certains de ses revenus sur des comptes bancaires appartenant à des proches ou des sociétés créées spécialement ? Dont un compte ouvert en Suisse…
La question de fond reste toujours la même depuis des années : cet homme impliqué dans différentes affaires d’escroquerie a-t-il toujours un magot planqué quelque part ? Ou n’a-t-il vraiment plus les moyens de payer ses dettes à la société ? Pour sa défense, cette nouvelle algarade de la justice ressemble plus à de l’acharnement, à une façon de maintenir la pression sur lui alors qu’il a passé près de dix ans en détention et entrevoyait l’espoir de recouvrer la liberté.
Désormais, tout est remis en question. Renvoyé en comparution immédiate, mercredi 19 juin, après deux jours de garde à vue, Marco Mouly doit désormais répondre de faits d’organisation frauduleuse d’insolvabilité, de tentative d’escroquerie et d’abus de biens sociaux. En récidive légale, il encourt une peine de dix ans de prison pour cela et une amende de 750 000 euros. Comme il en a le droit, il a demandé lors de comparution immédiate de bénéficier d’un délai pour pouvoir préparer sa défense. L’affaire a donc été renvoyée au 3 juillet, à partir de 13 heures 30, soit quelques heures à peine après une audience prévue au cours de laquelle il compte réclamer… un aménagement de sa peine actuelle.
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