Jurisprudence : CE 2/6 SSR, 17-12-1982, n° 23293

CONSEIL D'ETAT

Statuant au Contentieux

N° 23293

Préfet de la Charente-maritime

Lecture du 17 Decembre 1982

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS


Le Conseil d'Etat statuant au contentieux
(Section du contentieux)



Sur le rapport de la 2ème Sous-Section


Vu la requête sommaire, enregistrée au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat le 22 mars 1980, et le mémoire complémentaire enregistré le 20 mai 1980, présentés par le préfet de la Charente-Maritime et tendant à ce que le Conseil d'Etat: 1°) annule le jugement du 30 janvier 1980 par lequel le tribunal administratif de Poitiers a annulé les délibérations du Syndicat intercommunal A vocation multiple (S.I.V.O.M.) de la presqu'île d'Arvert et de la Côte de Beauté, en date des 22 février 1975, 23 février 1976, 21 février 1977, 25 octobre 1977 et 15 mars 1978, fixant la tarification des redevances d'assainissement à percevoir des usagers du service d'assainissement, ensemble la décision du préfet de la Charente- Maritime, en date du 27 mars 1979, refusant d'annuler lesdites délibérations; 2°) rejette la demande présentée par M. Villain devant le tribunal administratif de Poitiers;


Vu le code des communes, notamment ses articles L. 121-32 à L. 121-34;


Vu la loi de finances, du 29 novembre 1965, notamment son article 75;


Vu le décret N° 67-945 du 24 octobre 1967;


Vu le code des tribunaux administratifs;


Vu l'ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du 30 septembre 1953;


Vu la loi du 30 décembre 1977.


Sur la recevabilité de l'intervention de la Compagnie des eaux de Royan:

Considérant que la Compagnie des eaux de Royan, qui est chargée d'exploiter les ouvrages d'assainissement du syndicat intercommunal à vocation multiple de la Côte de Beauté et de la presqu'île d'Arvert, et dont la rémunération est assise sur le produit de la redevance d'assainissement, a intérêt à l'annulation du jugement attaqué, par lequel le tribunal administratif de Poitiers a lui-même annulé des délibérations du comité du syndicat susmentionné fixant les bases de calcul de cette redevance; que son intervention est par suite recevable;


Sur le recours du ministre de l'intérieur:

En ce qui concerne les délibérations du comité du syndicat intercommunal en date des 22 février 1975, 23 février 1976, 21 février 1977 et 25 octobre 1977 et les 1° et 2° de la délibération du 15 mars 1978:

Considérant que si l'article R. 372-9 du code des communes, pris pour application de l'article L. 372-7 du même code, issu de l'article 75 de la loi de finances du 29 novembre 1965, prévoit que la redevance d'assainissement instituée par ce dernier texte est assise, lorsque l'usager est alimenté par un service public de distribution d'eau, sur le nombre de mètres cubes d'eau prélevé par lui, cette disposition n'oblige pas les assemblées délibérantes des collectivités publiques ou établissements publics dont relève le service d'assainissement à instituer un tarif uniforme pour chaque mètre cube prélevé; qu'elles peuvent notamment, compte tenu des conditions d'exploitation du service et de l'importance des investissements à amortir, instituer un tarif dégressif; qu'une telle dégressivité peut être obtenue par l'institution d'une redevance comportant une partie fixe et une partie proportionnelle au volume d'eau consommé; qu'en adoptant une tarification de cette nature, le comité du syndicat intercommunal de la Cote de Beauté et de la presqu'île d'Arvert n'a pas transgressé les règles posées par les textes susmentionnés et n'a pas davantage méconnu, dans les circonstances de l'espèce, le principe de l'égalité devant les charges publiques au bénéfice des usagers ayant leur résidence principale sur le territoire des communes groupées dans le syndicat; que, par suite, le ministre de l'intérieur, qui s'est approprié les conclusions de la requête du préfet de la Charente maritime, est fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué du 30 janvier 1980, le tribunal administratif de Poitiers a annulé les délibérations des 22 février 1975, 23 février 1976, 21 février 1977 et 25 octobre 1977 et les 1° et 2° de la délibération du 15 mars 1978, ainsi que la décision du préfet de la Charente maritime en date du 27 mars 1979, en tant qu'elle refuse de déclarer ces délibérations nulles de droit;

En ce qui concerne les 3° et 4° de la délibération du syndicat intercommunal du 15 mars 1978:

Considérant qu'eu égard à la nature de la redevance d'assainissement et aux règles fixées par les articles L. 372-6 et suivants du code des communes pour la gestion des réseaux d'assainissement et des installations d'épuration publics, les collectivités chargées de l'exploitation de ce service industriel et commercial ne peuvent légalement, sous réserve des dispositions des articles R. 372-11 et R. 372-12, appliquer des tarifs différents à certaines catégories d'usagers; qu'ainsi, en accordant aux bénéficiaires de l'allocation supplémentaire du Fonds national de solidarité, ainsi qu'à certaines personnes âgées ou atteintes d'une invalidité les rendant inaptes au travail, les dégrèvements qui font l'objet des 3° et 4° de la délibération du 15 mars 1978, le comité du syndicat intercommunal a excédé ses pouvoirs: que, dès lors, le ministre de l'intérieur n'est pas fondé à se plaindre de ce que le tribunal administratif de Poitiers a fait droit aux conclusions de la demande de M. Villain tendant à l'annulation des 3° et 4° de la délibération du 15 mars 1978 et de la décision du préfet de la Charente maritime, en date du 27 mars 1979, en tant qu'elle refuse de déclarer ces dispositions nulles de droit.

DECIDE

ARTICLE 1er - L'intervention de la Compagnie des eaux de Royan est admise.

ARTICLE 2 - Le jugement du tribunal administratif de Poitiers, en date du 30 janvier 1980, est annulé en tant qu'il annule les délibérations du comité du syndicat intercommunal à vocation multiple de la Côte de Beauté et de la presqu'île d'Arvert en date des 22 février 1975, 23 février 1976, 21 février 1977 et 25 octobre 1977 et les 1° et 2° de la délibération du 15 mars 1978 ainsi que la décision du préfet de la Charente Maritime, en date du 27 mars 1979, en tant qu'elle refuse de déclarer ces délibérations nulles de droit.

ARTICLE 3 - Les conclusions de la demande présentée par M. Villain devant le tribunal administratif de Poitiers tendant à l'annulation des délibérations des 22 février 1975, 23 février 1976, 21 février 1977 et 25 octobre 1977 et des 1° et 2° de la délibération du 15 mars 1978, ainsi que de la décision du préfet de la Charente maritime, en date du 27 mars 1979, en tant qu'elle refuse de déclarer ces délibérations nulles de droit, sont rejetées.

ARTICLE 4 - Le surplus des conclusions du recours du ministre de l'intérieur est rejeté.

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