Aux termes d'un arrêt rendu le 22 octobre dernier, la Cour européenne des droits de l'Homme a confirmé la condamnation pour diffamation d'un auteur et d'un éditeur du roman intitulé "
Le procès de Jean-Marie Le Pen" (CEDH, 22 octobre 2007, Req. n° 21279/02, Lindon, Otchakovsky-Laurens et July c/ France
N° Lexbase : A8226DYC). La Cour estime qu'il n'y a pas eu de violation de l'article 10 de la Convention de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales relatif à la liberté d'expression (
N° Lexbase : L4743AQQ). La Cour constate que la sanction prononcée (Cass. crim., 27 novembre 2001, n° 00-86.106
N° Lexbase : A3771C4G) ne vise pas la thèse développée dans l'ouvrage litigieux mais uniquement le contenu de certains passages de celui-ci. Elle estime qu'assimiler un individu, fût-il un homme politique, à un "
chef de bande de tueurs", affirmer que l'assassinat perpétré par un personnage même de fiction a été "
recommandé" par lui et le qualifier de "
vampire qui se nourrit de l'aigreur de ses électeurs mais aussi parfois de leur sang", outrepasse les limites admises même si la critique à l'égard d'un homme politique peut être plus large que pour un particulier. La Cour considère, également, que la teneur des passages était de nature à attiser la violence et la haine, excédant ce qui est tolérable dans le débat politique, même à l'égard d'une personnalité occupant sur l'échiquier une position extrémiste. Elle conclut que l'ingérence dans l'exercice par les requérants de leur droit à la liberté d'expression était nécessaire.
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