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par Axel Valard
le 29 Avril 2025
Evidemment, c’est sur Instagram que Nadia El Bouroumi a livré sa première réaction. Et a annoncé sa volonté de faire appel de la peine qui l’a frappée, mercredi 23 avril. L’avocate avignonnaise a été condamnée à un an d’interdiction d’exercer sa profession par le conseil régional de discipline des barreaux de la cour d’appel de Nîmes (Gard). Très connue dans le sud de la France, cette robe noire était devenue célèbre lors du procès de Dominique Pélicot, l’an dernier à Avignon.
Offensive dans sa façon de défendre l’un des accusés, elle avait surtout marqué les esprits par ses propos et attitudes sur les réseaux sociaux, notamment Instagram où elle racontait ses journées d’audience, par le menu. Critiquée pour son attitude, elle avait répondu un beau matin en chantant et en dansant dans sa voiture sur la chanson Wake me up before you go-go (« Réveille moi avant de partir ») du groupe Wham, ce qui avait mis de l’huile sur le feu, en pleins débats judiciaires sur la soumission chimique dont a été victime Gisèle Pélicot, durant des années.
Mais ce n’est pas pour cela qu’elle a été condamnée, la semaine dernière. En réalité, le conseil régional de discipline était saisi de faits anciens la concernant : d’abord pour avoir créé une société de coaching en parallèle de son activité d’avocate, puis pour avoir entraîné un incident par le passé et enfin pour avoir pris et diffusé des photos d’une salle d’audience…
Une société de coaching qui pose problème.
Finalement, le conseil régional de discipline l’a relaxée pour la prise d’images et leur diffusion sur les réseaux sociaux, les faits ne pouvant réellement être démontrés. Mais elle a été condamnée pour le reste. Selon la décision, elle a été reconnue coupable « d’avoir contrevenu aux règles déontologiques de la profession d’avocat en étant actionnaire majoritaire d’une société commerciale dispensant des prestations de coaching alors que cette activité n’est pas connexe à la profession d’avocat… »
Elle a également été condamnée pour un accrochage avec une autre avocate en mai 2023 au palais de justice d’Évry (Essonne). Lors de l’audience fin février, une peine de dix-huit mois d’interdiction d’exercer avait été requise à son encontre. Le conseil l’a donc condamnée à une peine inférieure, alors que Nadia El Bouroumi avait plaidé, via ses avocats, la relaxe.
Elle vante « une profession en mouvement ».
Sur ses réseaux sociaux, l’avocate a donc immédiatement annoncé sa volonté de faire appel afin, dit-elle, « de se battre pour que le périmètre d’action de l’avocat évolue ». « On ne peut pas, en 2025, réduire notre métier à un exercice figé, déconnecté des réalités économiques, sociales et humaines. Je crois à une profession en mouvement, capable d’entreprendre, d’innover, de s’ouvrir… »
L’avocate devrait donc encore faire parler d’elle sur les réseaux sociaux où elle défend, régulièrement, sa vision de la justice. Prise à partie régulièrement, elle s’est toujours défendue de vouloir créer des polémiques inutiles, en expliquant elle aussi être victime de cyberharcèlement. « Depuis le début [du procès de Dominique Pélicot], je subis des menaces, du harcèlement, des insultes publiques. Mes enfants sont également victimes de harcèlement (…) Cette pression publique et médiatique incessante me musèle et m’empêche de défendre mes clients de manière impartiale. » Elle est suivie par plus de 52 000 personnes sur les réseaux sociaux.
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