Le Quotidien du 20 mai 2024 : Actualité judiciaire

[A la une] Roman Polanski relaxé des accusations en diffamation portées par une comédienne qui l’accuse de viol

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par Vincent Vantighem

le 17 Mai 2024

Pour la justice, il n’y a rien à dire. Pour l’opinion publique, c’est autre chose. Le réalisateur Roman Polanski a vécu une drôle de semaine de mai, à l’occasion de deux actualités que le hasard du calendrier a rapprochées. D’abord, l’actualité judiciaire qui a vu, mardi 14 mai, le tribunal correctionnel de Paris le relaxer des accusations en diffamation portées contre lui par l’actrice britannique Charlotte Lewis.

Accusé d’agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes, Roman Polanski avait qualifié « d’odieux mensonge » les dénonciations de Charlotte Lewis, dans une interview à Paris-Match d’il y a quelques années. Au passage, il avait laissé entendre que l’actrice était « folle » et qu’il serait bon qu’elle consulte un psychologue. Raisons pour lesquelles celle-ci avait porté plainte en diffamation. Après une audience électrique, le tribunal a donc donné raison au réalisateur dans ce litige.

Évidemment, les juges de la dix-septième chambre n’avaient pas à se prononcer pour déterminer si le réalisateur avait, ou non, violé l’actrice britannique peu avant le tournage du film Pirates en 1986, comme elle le prétend, mais seulement si le cinéaste avait fait un usage abusif de la liberté d’expression lors de sa fameuse interview de 2019. Pour les magistrats, la réponse est donc « non ». Les propos poursuivis relèvent « du jugement de valeur sur le caractère versatile de la partie civile », écrivent-ils dans leur jugement, le tribunal ayant constaté « un important décalage entre l’admiration et la reconnaissance de la comédienne à l’égard du réalisateur, dont elle a publiquement fait part jusqu’en 2010, et la dénonciation de la nature violente de leur relation au moment où elle a décidé de participer à la vindicte engagée contre lui ».

Autrement dit, il n’y avait dans les propos de Roman Polanski « aucun fait susceptible de porter atteinte à l’honneur et à la considération de la partie civile ».

Des manifestations devant les cinémas

L’affaire aurait pu s’arrêter à la porte du tribunal judiciaire, où Roman Polanski n’a pas eu l’honneur de se rendre. Mais l’ère #MeToo a depuis longtemps franchi les prétoires. Et le débat s’est invité, dès le lendemain, mercredi 15 mai, devant les salles de cinéma.

Parce que le hasard du calendrier a voulu que ce soit la date choisie pour la sortie du dernier film de Roman Polanski intitulé The Palace. Étrillé par la critique, ce nouveau long-métrage, qui raconte le passage à l’an 2000 depuis un hôtel suisse, a été programmé dans un nombre très restreint de salles (quatre-vingt en tout en France), tant la personnalité du cinéaste est désormais décriée. Mais les quelques rares qui avaient choisi de le diffuser ont eu la surprise de recevoir la visite de militantes féministes venues dénoncer la situation. Avec des pancartes sans équivoque : « Violanski ! » « Charlotte Lewis, on te croit ! »

Le « contexte étouffant de #MeToo »

Celle-ci a dû voir les images dans les médias et se consoler avec ce soutien populaire. En pleurs, mardi au tribunal judiciaire, elle avait fait part de sa tristesse : « C’est un jour très triste pour les femmes qui dénoncent leurs agresseurs », a-t-elle lâché, laissant entendre qu’elle ferait appel du jugement.

De son côté, Delphine Meillet, l’avocate de Roman Polanski, a salué une « décision importante », se félicitant d’avoir encore le droit de « mettre en doute la parole d’une accusation », dans le « contexte étouffant de #MeToo ».

Elle sait qu’elle n’en a pas encore fini avec son illustre client. Accusé par de nombreuses femmes depuis plus de dix ans maintenant, Roman Polanski a toujours contesté avec force les faits qui lui sont reprochés, tout en poursuivant une carrière qui l’a vu remporter une Palme d’or à Cannes et un Oscar pour le film Le Pianiste.

Mais désormais, il ne peut plus se déplacer sans être l’objet de violentes critiques. Des critiques qui l’attendent encore outre-Atlantique où il doit être jugé, l’an prochain, au civil, pour le viol d’une adolescente en 1973, qu’il conteste là aussi.

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