Aux termes d'un jugement du 17 décembre 2004, le TGI de Nanterre a condamné le laboratoire UCB Pharma, fabricant du Distilbène, à indemniser le préjudice spécifique de la victime d'un cancer de l'utérus et a reconnu la responsabilité pour faute du laboratoire dans le développement du cancer de M. P. (TGI de Nanterre, 17 décembre 2004, n° RG 02/09469
N° Lexbase : A7449DEM). Censé prévenir les fausses couches, le Distilbène a été prescrit jusqu'en 1977, alors qu'il avait été interdit en 1971 aux Etats-Unis, des études ayant montré qu'il pouvait provoquer des cancers et des malformations génitales chez les enfants y ayant été exposés
in utero. Déjà, en avril 2004, la cour d'appel de Versailles avait retenu la responsabilité de UCB Pharma pour avoir manqué à son obligation de vigilance et de surveillance lui incombant (lire
N° Lexbase : N1467ABX). Dans le jugement rapporté, M. P., exposée au Distilbène
in utero avait développé un cancer de l'utérus à l'âge de 29 ans entraînant progressivement une ablation des ovaires, de la vessie et une résection vaginale. Au regard des rapports d'expertises, les juges estiment que le laboratoire a manqué à son obligation de vigilance, et commis une série de fautes en ne surveillant pas l'efficacité du produit et ce, nonobstant les avertissements connus en littérature médico-scientifique. De plus, les juges, se rapportant aux rapports des experts, ont clairement indiqué que "
l'absorption du Distilbène par sa mère est un facteur de risque majeur de survenue du cancer". Ainsi le laboratoire a t'il été condamné à verser 310 000 euros aux ayants droit de M. P., cette dernière étant décédée en cours d'instance. Il est à noter que l'article 32 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2005 (
N° Lexbase : L5021GUI) prévoit que les femmes bénéficient, à titre dérogatoire, d'un congé de maternité à compter du premier jour de leur arrêt de travail lorsque leur grossesse pathologique est liée à l'exposition au distilbène.
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