Médias : Candide, de Voltaire
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Chronique : "il etait une fois... le droit, sa vie, son oeuvre"

28 Mars 2023 Durée: 17 min

Candide, de Voltaire

Animé par : Girard Fabien
« En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de cannes de sucre qui coulaient continuellement dans de grandes places pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématiques et de physique. »

Voici qu’en peu de mots, Voltaire, le grand Voltaire, espère, à travers cet extrait du 18ème chapitre de Candide, intitulé Ce qu’ils virent dans le pays d’Eldorado, un idéal social où la justice n’a pas droit de cité, n’a pas de bâtiment aux grandes colonnades pour son exercice. Rassurez-vous, le philosophe des Lumières ne tourne absolument pas le dos à l’idée de Justice, mais clairement, dans son pays imaginaire, l’Eldorado, il n’est point besoin de rendre la justice à travers les Parlements ou la bouche d’un juge ; la raison, la savoir, les sciences tiennent lieu de garanties contre le crime : l’instruction plutôt que la prison, voilà bien une idée moderne de la prévention contre la délinquance et le mal que reprendra un siècle plus tard, notamment, un certain Victoire Hugo. C’est évidemment tout le sens du fameux « il faut cultiver son jardin », qui promeut l’autonomie de la volonté et le travail contre le fatalisme du meilleur des mondes de Leibniz… Mais là n’est pas notre propos du jour.

Non ! ce qui est intéressant à relever, en creux, dans cet extrait, comme dans bien d’autres de Candide et même de Zadig avec par exemple « Dans mon malheur, je voulus m’adresser à la justice. Il me restait six onces d’or : il fallut en donner deux onces à l’homme de loi que je consultai, deux au procureur qui entreprit mon affaire, deux au secrétaire du premier juge. Quand tout cela fut fait, mon procès n’était pas encore commencé, et j’avais déjà dépensé plus d’argent que mes fromages et ma femme ne valaient. Je retournai à mon village dans l’intention de vendre ma maison pour avoir ma femme. », c’est à la fois le caractère arbitraire de la justice institutionnelle et la gabegie qui l’entoure.

Restait dès lors au Philosophe à trouver le moyen le plus radical, en dehors de l’instruction et de la raison, encore que cela s’y rapporte grandement, pour éviter cet arbitraire préjugé et les frais de justice y afférents : la justice de paix.


Crédits :
  • Extrait des Indes galantes, Jean-Philippe Rameau, 1735
  • Extrait de Candide, Leonard Bernstein, 1956
  • Extraits de Ridicule, de Patrice Leconte, 1996
  • Extrait du Parain, de Martin Scorsese, 1972
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