La lettre juridique n°375 du 10 décembre 2009 : Avocats/Institutions représentatives

[Questions à...] Le point de vue d'un Bâtonnier, aujourd'hui... Elizabeth Menesguen, Bâtonnier de l'ordre des avocats du Barreau du Val-de-Marne

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[Questions à...] Le point de vue d'un Bâtonnier, aujourd'hui... Elizabeth Menesguen, Bâtonnier de l'ordre des avocats du Barreau du Val-de-Marne. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/article-juridique/3212224-questions-a-le-point-de-vue-d-un-batonnier-aujourd-hui-belizabeth-menesguen-batonnier-de-l-ordre-de
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le 07 Octobre 2010


Régulièrement, les éditions juridiques Lexbase se plairont à donner la plume au Bâtonnier d'un des 181 barreaux qui constituent le maillage ordinal de la profession d'avocat, afin qu'il ou elle évoque, avec nos lecteurs, son point de vue sur l'avenir des professions juridiques et, plus particulièrement, celui sur la profession qui l'anime au quotidien, et ses ambitions pour le barreau dont il ou elle a la charge ; aujourd'hui, rencontre avec... Elizabeth Menesguen, Bâtonnier de l'ordre des avocats du Barreau du Val-de-Marne.



Lexbase :
Pouvez-vous nous présenter le Barreau du Val-de-Marne ?

Elizabeth Menesguen : Que dire du Barreau qui m'a vu naître à la Profession sinon que c'est un Barreau jeune, tout juste trentenaire, qui s'efforce d'exister aux côtés de son puissant, très puissant voisin parisien. En effet, chacun sait bien qu'en raison tant de la proximité géographique que de la multipostulation, ce ne sont pas seulement les 470 avocats qu'il compte qui oeuvrent dans le Val-de-Marne, mais 23 000 au bas mot...

Mais qu'importe ! Son identité, mon Barreau l'a acquise au fil des ans : proximité, disponibilité, compétences et... une toute particulière convivialité.

Sans doute est-il encore majoritairement tourné vers le "judiciaire", même si le "juridique" ne lui est pas étranger, mais il investit sur le terrain des solutions alternatives aux conflits avec un esprit pionnier, semblable à celui qui habitait ses membres fondateurs en 1976.

Lexbase : Quelles sont ses spécificités ?

Elizabeth Menesguen : Je ne saurais taire que le Barreau du Val-de-Marne a longtemps été perçu comme un "Barreau de pauvres oeuvrant pour les pauvres", un Barreau de banlieue en somme... Il n'est à cela rien de bien étonnant lorsqu'on sait que 70 % de la population du département sont admissibles au bénéfice de l'aide juridictionnelle.

Je crois cependant pouvoir affirmer que les choses ont évolué et qu'elles évoluent encore.

L'esprit pionnier dont je parlais à l'instant ne se dément pas : leader en matière de médiation, à l'initiative de l'un de mes prédécesseurs, le Bâtonnier Jean-François Moreau, leader aussi en matière d'aide aux victimes, il a compris tout le bien qu'il pouvait tirer de l'obligation de formation continue et a mis en place des ateliers de formation de qualité (d'ailleurs fréquentés par des avocats extérieurs) avec le concours de professionnels compétents venus d'horizons divers et l'aide précieuse des magistrats de la juridiction mais aussi des universitaires de la faculté de droit de Paris XII.

Il s'est résolument engagé dans la voie des règlements des conflits et des solutions alternatives aux poursuites.

Il a, après quelques balbutiements il est vrai, définitivement opté pour la communication électronique, conscient de ce que celle-ci allait lui ouvrir de nouveaux champs. Et, il ne s'est pas arrêté à e-barreau ; il met actuellement en place, avec les chefs de la juridiction, une permanence pénale "numérisée" propre à permettre à tous les acteurs du procès, et donc à la défense, d'avoir un accès immédiat aux dossiers et d'accomplir leur mission dans des conditions optimales.

Plus récemment, il s'est ouvert au "publi-rédactionnel". Il sait en effet que "le savoir faire n'est rien sans le faire savoir".

Que dire de plus si ce n'est que les hommes et les femmes de ce Barreau sont fiers de leur appartenance à une collectivité conquérante et solidaire.

Lexbase : La crise a-t-elle eu des répercussions sur votre Barreau ?

Elizabeth Menesguen : Comment ne pas répondre par l'affirmative ? La crise a naturellement frappé tous les avocats, comme elle a frappé l'ensemble des acteurs économiques du département. Mais, elle ne les a pas conduits à céder à la morosité ; au contraire, elle leur a commandé de rassembler leur énergie pour être plus que jamais aux côtés des plus atteints, particuliers ou entrepreneurs, pour leur prêter assistance, conseil, défense.

Lexbase : Quelles sont les actions en cours et à venir ?

Elizabeth Menesguen : Celles engagées sont évidemment à poursuivre et à renforcer car elles contribuent à mon sens à valoriser l'image du Barreau et partant celle de chacun de ses membres.

D'autres viendront bien sûr, qui seront à mettre au compte de mon successeur, mon confrère et ami Arnauld Bernard. C'est évidemment à lui qu'il appartiendra de donner au Barreau les orientations qui lui paraîtront les plus opportunes.

Je sais que face aux bouleversements qui s'annoncent sa tâche sera rude mais je sais aussi qu'il pourra toujours compter sur le soutien d'un Barreau uni et généreux.

Lexbase : Comment réagissez-vous aux différentes évolutions envisagées pour la profession ?

Elizabeth Menesguen : Notre confrère Jean-Michel Darrois s'est vu confier, par le Président Sarkozy, la présidence d'une commission de réflexion tendant à réformer la profession d'avocat avec pour objectif la création d'une "grande profession du droit" (cf. le rapport "Darrois").

Il faut leur rendre grâce à tous deux car ils nous ont ainsi donné une formidable occasion de réfléchir au sens de notre mission.

Au risque de vous étonner, je ne parviens pas à déplorer que la fusion "notaires /avocats" ne se fasse pas. Elle me paraissait ressortir d'une certaine utopie.

En revanche, je ne puis que me réjouir de ce que les membres de la commission soient tombés d'accord pour considérer que la sécurité juridique ne pouvait être l'exclusivité des notaires et qu'ils aient admis qu'il devait être permis aux avocats de passer des actes ayant une réelle force probante puisque faisant foi jusqu'à inscription de faux et engageant leur responsabilité.

En ces temps d'incertitude économique, d'instabilité sociale et de désarroi moral, face à une profusion législative le plus souvent sans cohérence, la sécurité des transactions est une absolue nécessité ; "l'acte sous signature juridique" répond à cette attente (lire Le point sur l'acte contresigné par un avocat - questions à Maître Michel Bénichou, président de la Fédération des Barreaux d'Europe, Lexbase Hebdo n° 1 du 1er octobre 2009 - édition professions N° Lexbase : N9384BL7).

Par ailleurs, optant délibérément pour l'acquisition par l'ensemble des professionnels du droit d'une "culture juridique commune", la commission a souhaité encourager "l'inter-professionnalité". Si elle reste encore à définir, cette idée doit être exploitée. La profession doit en effet se nourrir des apports des autres professionnels du droit et partager avec eux compétence et expertise et ce dans l'intérêt de nos concitoyens.

Reste, évidemment, l'épineuse question de "l'avocat en entreprise". L'ensemble de mes confrères, et j'en suis, fustige naturellement l'absence d'indépendance du fait du lien de subordination entre l'avocat en entreprise et l'employeur (lire, aussi, Quels rapprochements pour les professions de juriste d'entreprise et d'avocat ? Questions à Vincent Malige, General Counsel, Scor SE, Lexbase Hebdo n° 3 du 15 octobre 2009 - édition professions N° Lexbase : N0938BMP). Mais, gardons-nous de nous arrêter à des "postures" et interrogeons-nous : sur un plan économique, l'avocat libéral n'est-il pas parfois terriblement dépendant ? Ce qui est certain, en tout cas, c'est que, si l'on doit envisager la présence de l'avocat en entreprise, celui-ci devra immanquablement être titulaire du CAPA, s'obliger à une même déontologie et être soumis à l'autorité du Bâtonnier car s'il est avocat, il doit l'être pleinement.

Les temps à venir sont synonymes de mutations voire de bouleversements. Notre devoir n'est pas de les combattre mais de les épouser avec imagination et créativité sans jamais trahir notre serment. Il nous grandit, il nous honore mais il est surtout la garantie pour tous du respect de leurs droits.


Quelques mots sur... Madame Elizabeth Menesguen

Madame Elizabeth Menesguen a souhaité être avocat dès son plus jeune âge.

Cependant, issue d'un milieu modeste pour qui l'avocature était destinée à une élite, elle a entrepris des études littéraires qui la destinaient à l'enseignement.

Pour assurer sa subsistance, elle a parallèlement intégré l'éducation nationale, d'abord, en qualité de surveillante d'externat, puis comme maîtresse auxiliaire.

C'est alors que la passion du droit l'a reprise et qu'elle a entamé des études de droit en tant que salariée.

Titulaire du CAPA fin 1976, elle a prêté serment en janvier 1977 et intégré en qualité de collaboratrice le cabinet du Bâtonnier Serge Lequin dont elle a ensuite été l'associée, d'abord, dans le cadre d'une association d'avocats, puis dans celui d'une société civile professionnelle.

En avril 1986, au décès du Bâtonnier Lequin, elle a poursuivi l'activité du cabinet qu'elle a contribué à développer et a constitué, en 1992, une nouvelle société civile professionnelle, la SCP Menesguen-Trojman.

Elle s'est, alors, intéressée à la vie ordinale. Elle a, ainsi, passé neuf années au Conseil de l'ordre avec la charge successivement ou concomitamment

- de la communication,

- du trésor,

- des relations du Barreau avec notaires, huissiers, juges aux affaires familiales,

- de la formation, dont celle des plus jeunes tant dans le cadre de l'atelier d'éloquence du barreau que de celui de l'antenne de Créteil de l'Ecole de formation du barreau de la Faculté de Paris XII.

Elue Bâtonnier en mai 2007, elle a pris ses fonctions le 1er janvier 2008 et s'efforce, depuis lors, d'inspirer, d'encourager, de favoriser et de fédérer les énergies avec enthousiasme et pugnacité.

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