Le Quotidien du 11 mars 2025 : Actualité judiciaire

[A la une] La justice douche les espoirs de Patrick Balkany d’un retour en politique en refusant de lever sa peine d’inéligibilité

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par Vincent Vantighem

le 10 Mars 2025

Son équipe de campagne était déjà prête. Elle va devoir se trouver un nouveau poulain. Patrick Balkany ne pourra pas se présenter aux élections municipales de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) comme il en avait l’envie. Le tribunal judiciaire de Paris a, en effet, rejeté, mercredi 12 février, sa demande visant à obtenir la levée de sa peine complémentaire d’inéligibilité dont il a écopé pour « fraude fiscale » d’une part et « blanchiment » de cette même fraude fiscale, d’autre part.

Et il y avait quasiment quelque chose d’anachronique dans les couloirs du tribunal de Paris, ce mercredi 12 février. En début d’après-midi, au deuxième étage, tout sourire, Patrick Balkany déambulait tranquillement à la recherche de sa salle d’audience où il était appelé à plaider sa demande. À quelques mètres seulement de la fameuse 32e chambre où son « ami » et mentor, Nicolas Sarkozy, est lui-même jugé dans l’affaire dite des « soupçons de financements libyens de sa campagne présidentielle de 2007 ». Les deux hommes ne se sont pas croisés. Que ne se seraient-ils dit ? Auraient-ils devisé de « l’acharnement de la justice » ? Des contraintes liées au port d’un bracelet électronique ? Ou seulement de politique ? Personne ne le saura jamais.

Mais alors que l’ancien chef de l’État bataille pour ne pas ajouter à son casier judiciaire une nouvelle condamnation pour « corruption », Patrick Balkany, lui, est déjà focalisé sur l’étape suivante. Condamné définitivement pour avoir dissimulé au fisc, pendant des années, un patrimoine évalué à plus de 13 millions d’euros, notamment dans deux magnifiques demeures au Maroc et dans les Caraïbes, il voulait désormais tirer un trait sur son passé et regarder le futur… de Levallois-Perret. La justice ne l’a pas suivi du regard…

À Levallois-Perret, les administrés l’attendent, assure-t-il.

Condamné à quatre ans et demi de prison ferme et à dix d’inéligibilité, Patrick Balkany avait dû abandonner « sa » mairie de Levallois-Perret en 2020 après des décennies de suprématie politique. Mais il n’a jamais perdu espoir de reprendre son fief. « C’était il y a déjà cinq ans. Je suis allé en prison quasiment un an et j’ai porté un bracelet électronique. Et avec Isabelle [son épouse et coprévenue également condamnée], on rembourse chaque mois 1 300 euros au fisc. Donc oui, j’ai demandé que ma peine d’inéligibilité s’arrête pour pouvoir me représenter », avait-il avoué quelques semaines avant l’audience.

La procédure existe et le permet. Encore faut-il convaincre. En l’espèce, le parquet national financier a d’abord analysé son dossier et rendu des réquisitions. Puis, en chambre du conseil, à huis-clos donc, l’ancien baron de droite des Hauts-de-Seine est venu lui-même plaider sa cause. En mettant en avant, l’attente de ses anciens administrés.

« Pour moi, la retraite, c’est l’antichambre de la mort. On regarde la télé. Mais chaque heure nous approche un peu plus du terme. Et je ne veux pas mourir dans mon salon mais dans mon bureau de maire », avait-il lâché aux médias quelques semaines plus tôt, paraphrasant presque Dalida qui voulait « mourir sur scène ». Surtout, selon lui, il est toujours attendu à Levallois-Perret. « J’y vais tous les deux jours en moyenne et je ne peux pas faire dix mètres dans la rue sans que les gens m’arrêtent : ‘Vous nous manquez monsieur le maire ! Quand est-ce que vous revenez ?’. Les habitants mais aussi les agents municipaux... »

Son avocat annonce qu’il fait appel de la décision.

Si sa demande avait été déposée bien avant les réquisitions d’inéligibilité avec exécution provisoire à l’encontre de Marine Le Pen dans l’affaire dite « des assistants des eurodéputés du Front national », Patrick Balkany rejoint l’analyse de la cheffe de file du Rassemblement national qui attend, elle, d’être fixée sur son sort judiciaire le 31 mars.

« Ma demande date d’avant cette histoire, justifiait-il aussi. Mais je note une chose : les magistrats jugent toujours ‘au nom du peuple français’. Et bien je crois qu’ils devraient arrêter. Ce sont aux électeurs de se prononcer sur les noms de leurs représentants. Et à eux seuls ! »

Les magistrats qui ont tranché son affaire en une journée, en délibérant immédiatement, ne sont pas exprimés au nom du peuple français mais en vertu du Code pénal. Et uniquement du Code pénal, douchant ses espoirs mais pas sa volonté de se battre. Sitôt la décision rendue, son avocat Robin Binsard a annoncé son intention de faire appel afin que son client puisse garder espoir d’un nouveau « come-back » en politique. « M. Balkany n’a jamais détourné d’argent public, et les infractions qu’il a commises n’ont aucun lien avec les fonctions d’élu qu’il a exercées par le passé. Nous poursuivrons l’exercice de nos recours contre cette peine d’inéligibilité, en vigueur depuis cinq ans, et que nous considérons disproportionnée et confiscatoire de la démocratie ».

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