Jurisprudence : CE Contentieux, 01-06-1990, n° 65822

CE Contentieux, 01-06-1990, n° 65822

A4641AQX

Référence

CE Contentieux, 01-06-1990, n° 65822. Lire en ligne : https://www.lexbase.fr/jurisprudence/955824-ce-contentieux-01061990-n-65822
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CONSEIL D'ETAT

Statuant au Contentieux

N° 65822

Ministre du budget
contre
Bouxom

Lecture du 01 Juin 1990

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS


Le Conseil d'Etat statuant au contentieux
(Section du contentieux)


Vu le recours du ministre de l'économie, des finances et du budget enregistré le 4 février 1985 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat, et tendant à ce que le Conseil d'Etat : 1°/ annule le jugement du 29 octobre 1984 par lequel le tribunal administratif de Paris a annulé la décision prise par l'administration tendant à refuser à M. Bouxom, la communication du dossier fiscal de la société à responsabilité limitée "Laroche et Cie", 2°/ rejette la demande présentée par M. Bouxom devant le tribunal administratif de Paris,

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu le code général des impôts ;

Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;

Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;

Après avoir entendu : - le rapport de M. Fabre, Conseiller d'Etat, - les conclusions de M. Ph. Martin, Commissaire du gouvernement ;

Considérant qu'ayant été mis en demeure, le 25 juillet 1983, par le trésorier principal du 16ème arrondissement de Paris, d'acquitter diverses impositions fraudées par la société à responsabilité limitée "Laroche et Cie" et au paiement solidaire desquelles il avait été condamné par un jugement devenu définitif du tribunal de grande instance de Paris du 3 juillet 1981, M. Bouxom a, le 28 juillet 1983, adressé au chef du centre des impôts du 16ème arrondissement de Paris une lettre comportant réclamation contre ces impositions et demandé que lui soient communiquées les pièces du dossier fiscal de la société ; que, par lettre du 28 novembre 1983, le directeur des services fiscaux chargé de la première direction des vérifications de la région d'Ile-de-France a notifié à M. Bouxom le rejet de cette demande, en invoquant le secret professionnel ainsi que les dispositions de l'article 6 de la loi du 17 juillet 1978, autorisant l'administration à refuser de communiquer les documents administratifs dont la consultation porterait atteinte aux "secrets protégés par la loi" ; que, malgré un avis partiellement favorable de la commission d'accès aux documents administratifs, le chef du service du contentieux de la direction générale des impôts a fait savoir à M. Bouxom que le ministre de l'économie, des finances et du budget maintenait le refus de lui communiquer les pièces litigieuses ;

Considérant que, si le chef du service qui a procédé à l'établissement des impositions contestées par M. Bouxom était, seul, compétent, en vertu des dispositions des articles R. 190-1 et R. 198-10 du livre des procédures fiscales, pour statuer sur la réclamation formée par l'intéressé contre ces impositions, cette circonstance ne faisait pas obstacle à ce qu'il fût statué par une autre autorité sur la demande de communication de documents administraifs simultanément présentée par M. Bouxom ; qu'aucune disposition législative ou réglementaire ne s'opposait à ce que le ministre de l'économie, des finances et du budget prît lui-même, une décision sur cette demande ; que le ministre est, par suite, fondé à soutenir que c'est, en tout état de cause, à tort que, pour annuler la décision de refus de communication opposée par l'administration à M. Bouxom, le tribunal administratif s'est fondé sur ce que ladite décision aurait émané d'une autorité incompétente ;

Considérant toutefois, qu'il appartient au Conseil d'Etat, saisi de l'ensemble du litige en vertu de l'effet dévolutif de l'appel, d'examiner les autres moyens soulevés par M. Bouxom au soutien de sa requête de première instance ;

Considérant que, contrairement à ce que soutient l'administration, le secret professionnel auquel sont soumis les agents des impôts en vertu des dispositions de l'article L. 103 du livre des procédures fiscales n'est pas, s'agissant du débiteur solidaire de l'impôt, opposable à celui-ci dans la mesure où les pièces couvertes par le secret sont utiles à l'exercice de son droit de réclamation, dans la limite de la solidarité prononcée à son encontre ; qu'ainsi, en refusant de communiquer à M. Bouxom les pièces du dossier fiscal de la société "Laroche et Cie" qui pouvaient être utiles à la motivation de sa réclamation au motif que cette communication aurait méconnu la règle du secret professionnel, l'administration a entaché sa décision d'une erreur de droit ;

Considérant qu'il suit de là, sans qu'il y ait lieu d'examiner les autres moyens de l'intéressé, que le ministre de l'économie, des finances et du budget n'est pas fondé à se plaindre que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Paris a annulé pour excès de pouvoir le refus de communication opposé à M. Bouxom ;

Article 1er : Le recours du ministre de l'économie, des finances et du budget est rejeté.

Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Bouxom et auministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget, chargé du budget.

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